Marie-José Ifoku, candidate à la présidentielle de décembre en RDC, a présenté ce 20 novembre le projet de société qu'elle entend mettre en place si elle est élue présidente. Ce programme repose sur la renaissance d'une République qui aspire à un renouveau politique et à une transformation profonde de la gouvernance.
Pour y arriver, elle se fixe comme slogan la "kombolisation" qui symbolise pour elle, le nettoyage des antivaleurs et des mauvaises pratiques dans la société congolaise.
Les Kinoises, rencontrées ce mercredi 22 novembre, qualifient son plan d'action d'idéaliste et l'appellent à l'axer sur les réalités quotidiennes de la vie au Congo.
"J'ai l'impression que Madame Ifoku ne maîtrise pas bien les réalités du pays. Son slogan est creux et vide de fondement, pour atteindre son électorat, je pense qu'elle doit approcher son plan d'actions des conditions de vie concrètes des Congolais. Heureusement pour elle, elle ne va pas remporter les élections, sinon ce serait une présidente stagiaire qui vient apprendre la gestion du pays," précise Judith Miandabu, médecin aux Cliniques Universitaires de Kinshasa et mère de trois enfants.
Patience Kikufila, couturière de formation et vendeuse au Rond-point Huilerie, pense quant à elle que le slogan de Marié José Ifoku est une façon de théâtraliser la vie publique en RDC.
"Le slogan de Marie-José ne représente rien de concret au regard des conditions de vie au Congo". Je pense que Madame Ifoku est plus dans l'imaginaire que dans la réalité. Elle n'a aucune assise nationale, elle n'est pas assez connue et n'a pas une équipe de campagne influente. Avec ce slogan de Kombolisation, nous donne l''impression qu'elle est venue juste faire du cinéma ou du tourisme en lieu et place de faire la politique".
Au regard de toutes ses sorties médiatiques depuis 2018, Jeannette Kapinga, étudiante en G2 économie de l'Université de Kinshasa, estime que Madame Ifoku postule à la présidentielle juste pour sauver l'honneur des femmes congolaises et prouver que les femmes sont aussi capables. Selon elle, Marie-José Ifoku ne maîtrise pas les rouages de la politique congolaise et ne peut donc pas diriger le pays.
Pour Grâce Ntumba, enseignante à l'école primaire ILS de Mont Ngafula, la place de Madame Ifoku en politique se trouve à l'Assemblée Nationale ou au Parlement.
"Elle ne mérite pas de diriger le pays. Je ne le dis pas parce que c'est une femme, elle a du mal à convaincre la population. À chaque fois que je l'entends parler, j'ai l'impression qu'elle est dans le populisme. Je lui conseille de tenter sa chance aux législatives."
De son côté, Michelline Bilonda, assistante à la Faculté de Médecine de l'Université de Kinshasa, appelle Mme Ifoku à revoir son programme de gouvernance en y ajoutant des points concrets sur les conditions de vie des Congolais.
"En politique, il n'y a pas d'hommes ni de femmes. Et le peuple ne fait de cadeau à personne. Tout se mérite. Je félicite Madame Ifoku d'avoir osé après son échec de 2018. Cependant, je pense qu'elle n'a pas du tout appris de ses erreurs. En 2018, tout comme aujourd'hui, Madame Ifoku a toujours tendance à être bercée d'illusions quand il s'agit de ses plans d'actions. Pour espérer attirer l'attention de son électorat, je pense qu'elle peut faire autrement en changeant son programme et en l'axant sur les vrais problèmes des Congolais. "
En RDC, les élections générales sont prévues le 20 décembre prochain.
La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) avance dans son engagement à organiser des élections crédibles, inclusives, transparentes et apaisées. Elle a, en début de lancement de la campagne électorale le 19 Novembre, appelé les candidats à faire preuve de responsabilité et de tolérance pendant cette période cruciale.
Au total, 25 832 candidats ont été enregistrés pour la députation nationale, dont 21 187 hommes et 4 645 femmes (soit 17 % de femmes), 44 110 candidats pour la députation provinciale, comprenant 32 897 hommes et 11 213 femmes (soit 25,4 % de femmes), et désormais 23 candidats pour la présidence, dont 21 hommes et 2 femmes (soit 7,7 % de femmes).
Nancy Clémence Tshimueneka