Les cours reprennent le 04 septembre en République Démocratique du Congo. Parmi les défis de l’enseignement, il y a la réussite du programme de la gratuité lancée en 2019. Quelle évaluation ? Quels sont les éléments qui nécessitent d'être améliorés pour la réussite de ce programme ? Le Desk Femme d'Actualité.cd s’est entretenu avec Lucien Mutabazi, coordonnateur de l’école Maisha située dans la commune de Mont-Ngafula.
“La gratuité de l’enseignement fait appel à plusieurs concepts. Abolition des frais scolaires, cantines scolaires, prise en charge sanitaire au niveau des écoles, amélioration des conditions d’études et conditions de travail des enseignants, amélioration de leur rémunération, construction d’écoles et renforcement des capacités du personnel enseignant”énumère-t-il.
En effet, en ce qui concerne l'état des lieux de la mise en œuvre de ce programme du gouvernement, Monsieur Mutabazi estime que la grande majorité de ces points n’ont pas été observés jusque là “à l’exception des frais scolaires”.
“La gratuité de l’enseignement est un vaste programme qui, à mon sens, devait être mise en œuvre étape par étape. Si nous ne réussissons pas la gratuité de l’enseignement de base, il y aura des répercussions dans 10, 20 et 30 ans et nous allons payer chère pour l’avenir de ce pays. Toujours dans les répercussions, les classes d’apprentissage sont la 1ère et la 2e années primaires. L’enseignant est obligé de tenir l’enfant par la main pour l’aider. Un enseignant qui se retrouve par exemple face à 100 élèves de 5,6,7 ans, ne saura pas suivre chacun d’eux. C’est ainsi que les conditions d’apprentissage deviennent médiocres et le niveau de l’éducation est en baisse. Dans une classe de 100 élèves, 10% seulement vont apprendre par leurs efforts personnels. Les 90 autres ne seront que pourriture pour le pays”, soutient-t-il.
Que faire pour sauver la gratuité ?
Enseignant depuis 52 ans, Lucien Mutabazi confie avoir enseigné dans plusieurs écoles privées et publiques avant d'être à Maisha. Il estime que la qualité de l’enseignement en RDC est en baisse notamment à cause de l’instabilité politique, car tout nouvel homme politique apporte des nouvelles politiques qui souvent impactent les réformes déjà entamées dans le secteur.
A ce stade, il propose “la construction des écoles, l’établissement des statistiques des enfants qui ne sont pas à l’école et de ceux qui sont à l’école grâce à la gratuité de l’enseignement, la mécanisation des enseignants NU (nouvelle unité), les affecter dans les écoles nouvellement construites pour rendre la gratuité effective. Il faut ensuite distribuer les matériels didactiques mais aussi mettre les enseignants dans de bonnes conditions de travail et de vie”.
Il a par ailleurs indiqué que son école tente de préparer l’enseignant à l’année nouvelle. Il y a des objectifs assignés pour préparer l’année nouvelle. Ensuite, nous passerons par la formation des enseignants parce qu’il faut toujours les former et les recycler à tout moment. Après la formation, nous donnons des outils et matériels didactiques pour préparer l’année.
Prisca Lokale