RDC: à quelques jours de la rentrée des classes, les parents kinois décrivent les difficultés auxquels ils sont confrontés

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Des élèves dans une salle de classe de l'EPA 2 Gombe/Photo Actualite.cd

La rentrée des classes (2023-2024) est prévue pour le 4 septembre. Dans les rues de la capitale, le Desk Femme d'Actualité.cd s’est entretenu avec les parents autour des préparatifs. Il en ressort pour la grande majorité que les conditions financières sont loin d'être réunies pour assurer une rentrée optimale aux enfants.

Mvula Gauthier est menuisier et père de six enfants. A six jours de la rentrée des classes, il confie ne pas savoir comment s'y prendre. Ce père de famille a reçu plusieurs sollicitations, il a réalisé plusieurs devis mais jusque-là, aucun paiement n'a été respecté.

« Ce travail, c'est mon gagne-pain principal et pourtant, nous sommes à quelques jours de la rentrée et je me demande si les gens sont payés ou pas. Je fais des devis aux clients qui sollicitent mes services mais cela va faire au moins deux mois que je ne suis pas recontacté. Ceux qui me doivent me demande d'attendre.»

Pour Mama Eliza, vendeuse au grand-marché, le problème se situe à un autre niveau: les fournitures scolaires. Elle ignore si elle sera en mesure de les acheter d'ici lundi 04 septembre. « L’argent ne circule pas. Pourtant, dans les magasins, les prix des fournitures scolaires ont augmenté. Dans certaines écoles, les uniformes et les fournitures scolaires s’achètent à l’école. Vraiment, il y a lieu de dire que le peuple souffre ».

"Que faut-il privilégier ? L'uniforme,  les cahiers, la nourriture ou le loyer ?"

François Mulenda a quatre enfants, il travaille dans une école privée de la commune de Kinshasa. Il explique que la situation est insoutenable pour de nombreux parents.

« Les parents ne sont pas payés, ils n’ont pas l'argent pour les fournitures scolaires, entre temps nous devons verser l’acompte des frais scolaires dès la rentrée des classes, confirmer les ré inscriptions. Autant être honnête et dire que nous sommes bloqués. L’enfant doit aussi manger avant d’aller à l’école. Que faut-il privilégier ? L'uniforme,  les cahiers, la nourriture ou le loyer ? Les parents souffrent ! Un parent qui est payé 80.000fc ou 100.000fc le mois. Il faut savoir que pendant les vacances, nous ne sommes pas payés alors comment acheter les chaussures, le cahier et l’uniforme sans être payé, comment allons-nous vivre ? Il arrive que nous fassions une note à l’école pour demander que les enfants participent aux cours en entendant de payer. Mais, force est de constater qu'après deux semaines les enfants retournent à la maison. Il n’y a que les flatteurs qui diront que les préparatifs se passent bien. Il faut vraiment que les parents soient aidés pour assurer l’éducation complète des enfants ».

"Repousser la rentrée pour mieux se préparer"

Justine Ndongala qui travaille pour une entreprise privée a adopté un système qui lui permet de mieux gérer la rentrée scolaire de ses trois enfants. « L'aînée a 15 ans, le deuxième 13 ans et le troisième 12 ans. Les temps sont difficiles. Je ferais comme lors des deux dernières années. Au moment de la rentrée des classes, je négocie avec mes enfants pour qu’ils acceptent d’aller à l’école avec les fournitures scolaires disponibles. Même lorsqu’ils n’ont que des cahiers et des baskets, ils y vont. Parce que les semaines qui suivent, les prix des fournitures auront baissé et je pourrais compléter les fournitures manquantes. J’appliquerai la même méthode cette année », a-t-elle confié.

Par ailleurs, d’autres parents ont plaidé pour la restauration des primes pour la rentrée scolaire ; une méthode qui existait au niveau des entreprises publiques tandis que d’autres, particulièrement des militaires, ont plaidé pour la disponibilité des fournitures avant le prochain week-end pour permettre aux parents de mieux se préparer.

Prisca Lokale