Sur un total de 23.653 dossiers déclarés recevables par la CENI, en ce qui concerne les candidatures aux législatives nationales, il y a 3.955 femmes soit seulement 17%, tandis que les candidats hommes représentent 19.698, soit 83%. Face à ce déséquilibre, Grace Lula, experte en matières électorales et membre du cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO) note une lente avancée.
« Nous avions des attentes assez élevées par rapport aux amendements apportés à la loi électorale. C’était le fruit des longs plaidoyers, des marches et autres. Mais nous savions aussi que l’ouverture de la loi contenait une faille, c’était juste une mesure incitative pour que les partis politiques prennent en charge les candidatures des femmes dans la composition des listes de candidats. Mais il n’y avait pas de mesure contraignante. Nul part il n’est mentionné que les partis qui ne vont pas aligner les femmes à au moins 30% verraient leurs listes rejetées. L’exemption du cautionnement n’a pas obtenu l’adhésion des partis car ils se sont préparés pour ces élections, ils gèrent les partis comme leurs business. Dès le départ, nous avions fustigé le manque de mesure contraignante », dit-elle.
En mai 2022, à l'entrée du Palais du peuple à Kinshasa, des organisations œuvrant dans la défense des droits des femmes, des jeunes et des personnes à mobilité réduite avaient organisé une série de manifestations pour exiger le respect de l'article 14 de la Constitution dans la réforme de la loi électorale. Avec ce résultat, Grâce Lula estime que la volonté politique du Chef de l’Etat, tournée vers le genre, ne rencontre pas celle des partis politiques.
« On parle du Chef de l’Etat comme Champion de la masculinité positive. C’est parce qu’à son niveau, il y a un élan réellement palpable pour compter sur le leadership des femmes mais au niveau des partis politiques, c’est une masculinité toxique qui est vécue. La RDC ne manque pas de femmes compétentes qui évoluent bien dans les partis politiques. Elles sont nombreuses mais confinées dans les ligues des femmes. Dans les véritables organes de prise des décisions, elles n’y sont pas », déplore-t-elle.
Et de renchérir au sujet de la prochaine étape, « nous n’allons pas baisser les bras. Pour arriver là où nous sommes, nous avons parcouru un long chemin, depuis l’époque du dialogue intercongolais, lorsqu’on se préparait pour les élections de 2006. Nous avons avançons à pas de tortue. C’est un processus. Nous avons perdu une bataille mais cela ne nous décourage pas. Nous ajustons les tirs, et affutons les armes avec de nouvelles approches. Mais nous allons également renforcer le plaidoyer pour les postes nominatifs où le Chef de l’Etat a nommé des femmes. Nous allons davantage travailler pour que la législation soit renforcée en matière des postes électifs », a-t-elle souligné.
Prisca Lokale