Deux ans après que l'état de siège a été décrété dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu, il s'est tenu à Kinshasa, les travaux préparatoires de la table ronde devant tabler sur l'avenir de cette mesure. À l'approche des élections, faut-il la maintenir ou la lever ? Contactée par Actualite.cd, Passy Mubalama, militante pro-démocratie basée à Goma, propose des pistes de solution.
"Je pense qu'il faut procéder à une évaluation qualitative de l'état de siège", dit-elle.
Et de poursuivre, "lorsqu'en 2021, le Chef de l'Etat décidait de proclamer l'état de siège dans la partie Est de la RDC (provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri), l'objectif était de mettre un terme à l'activité des groupes armés dans cette région. Il faut dire qu'à ce jour, ces groupes armés sont encore actifs même lorsque tout le pouvoir se trouve entre les mains des Forces Armées de la République. L'état de siège n'a pas permis de restaurer la paix tel que le président l'avait souhaité. Nous avons vu que c'est au moment où l'état de siège à été déclaré que les massacres des populations se sont intensifiés notamment dans les territoires de Beni et Lubero, il y a eu beaucoup de violations des droits humains et même la prise de certains territoires au Nord-Kivu (Rutshuru et Masisi). Rutshuru est sous contrôle des rebelles du M23 jusqu'à aujourd'hui. Malheureusement, c'est la population qui vit toutes ces atrocités. Les familles se retrouvent dans les camps de déplacés parce qu'il n'y a pas de paix et de sécurité dans leurs villages"
Faut-il lever la mesure avant ou après les élections ? Passy Mubalama estime qu'il sera important pour le Chef de l'Etat de le faire avant les élections pour éradiquer les hypothèses d'une exclusion pour les provinces concernées.
" Je pense vraiment que cette mesure a montré ses limites. Et lorsqu'une solution ne marche pas, il faut trouver des alternatives qui soient plus durables car pour les populations de l'Est, la sécurité est une question importante. Est-ce qu'il faut le faire avant ou après les élections ? Il faudrait savoir qu'à l'Est, les populations craignent que si leurs provinces restent sous état de siège, cette fois encore, les élections ne seront pas organisées dans leurs entités. Il y a cette crainte qui se répand. Et personnellement, je trouve qu'il faudrait lever la mesure avant les élections pour rassurer la population" a-t-elle suggéré.
Passy Mubalama est aussi activiste pour les droits des femmes. Depuis plus de 10 ans, elle a créé AIDPROFEN (Action et Initiatives de développement pour la protection de la femme et de l’enfant) , une organisation de la société civile congolaise basée au Nord Kivu qui met en œuvre des activités qui cadrent avec les droits humains, avec un focus sur les droits des femmes, la promotion de la démocratie, de la bonne gouvernance ainsi que la paix et la sécurité. Les activités de cette organisation sont exécutées dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo.
Prisca Lokale