Nord-Kivu : à Goma, des organisations de jeunes en campagne sur la non-violence et la cohabitation pacifique

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Depuis le 15 mars dernier, les jeunes de différentes organisations de la ville de Goma sont en campagne sur la non-violence et la cohabitation pacifique. Ils mènent ces actions pour contribuer à la paix dans cette partie de la RDC en proie à des tragédies causées par des mouvements rebelles. Cette campagne renferme plusieurs volets dont des forums citoyens, des dialogues intergénérationnels, l’affichage des pancartes, la réalisation des vidéos et podcasts.

Pour parvenir à cette fin de paix et de cohabitation pacifique, ces organisations s’attaquent avec insistance à la désinformation, aussi bien dans la vie que sur le digital, dont les réseaux sociaux sont les principaux canaux. Aussi, contre l’incitation à la haine sous toutes ses formes.

A l’initiative de Uhuru Knowledge Center, des organisations comme Goma Actif ou Goma Slam et bien d’autres luttent pour la cause. La campagne s’étend sur 3 mois, elle prend fin en mi-juin prochain.

« La cohésion sociale tout comme la paix, ce n'est pas une croyance, elle se construit, elle s'affine, elle se forge aux jours les jours, et c'est par l'implication de toutes et de tous. Elle est, en somme, une responsabilité de tous. C’est parce qu’on fait le choix d’agir ou de ne pas agir que les choses s’améliorent ou se détériorent », avait dit Laila Bourhil, la chef du bureau de la Monusco, le jour du lancement de la campagne.

En termes d’activités, un dialogue intergénérationnel a eu lieu ce mardi 28 mars, à Royal Prince (Majengo). Le 27 mars, un forum citoyen s’est tenu autour du thème de la sécurité. Il a réuni les autorités territoriales et urbaines, ainsi que les jeunes de Nyiragongo et de Goma pour échanger sur les enjeux et perspectives de paix et de cohésion sociale au Nord-Kivu.

Un dialogue intergénérationnel entre les jeunes et Mgr Faustin Ngabo, évêque émérite du diocèse de Goma, s’est tenu le 21 mars à la maison des jeunes. Ils ont échangé sur l'histoire de migration des peuples de la région des grands lacs et la délimitation des frontières à l'époque coloniale qui ont un impact sur la cohabitation pacifique entre les communautés et la cohésion sociale.

Il a insisté sur le sens aigu de l'engagement que doivent avoir les jeunes pour la paix, l'amour et la fraternité.

Un autre forum citoyen a eu lieu le 18 mars, avec le maire de la ville de Goma, le président du conseil urbain de la jeunesse de la ville, le chef de division provinciale de la jeunesse et le chercheur et analyste politique. Les échanges ont tourné sur la jeunesse congolaise face aux enjeux sécuritaires actuels. D’autres activités avec d’autres figures de sagesse sont prévues durant les 3 mois de campagne.

Pour ce qui est des réseaux, la première vidéo et le premier podcast ont déjà été publiés sur les pages des réseaux sociaux de Uhuru Knowledge Center. La vidéo parle de la désinformation qui est découragée par les motards, étudiants, habitants, etc. de Goma. Le podcast a été réalisé avec Bintou Keita, représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU en RDC. Elle a parlé de comment briser le cycle de violence ainsi que le rôle de la jeunesse dans la promotion de la paix et la cohésion sociale.

« On a l’impression aussi que l’ennemi utilise les réseaux sociaux comme une arme. Il y a aussi une guerre médiatique. Dans cette campagne, nous sensibilisons sur comment vérifier une information avant de la partager, comment détecter les fake news pour décourager les pratiques de gens de mauvaise foi », a expliqué, à ACTUALITÉ.CD, Jean-Marie Mushunganya, président de Uhuru Knowledge Center.

Pour toucher toutes les couches de la population, tant les étudiants que les vendeurs au marché, des pancartes ont été placées dans la ville de Goma pour appeler à stopper la désinformation. Les messages sur les pancartes sont en swahili local et “vulgaire”. L’art est aussi utilisé pour lancer des messages de cohabitation, pour ne pas céder aux paniques, ne pas mettre n’importe quoi sur les réseaux sociaux.

Emmanuel Kuzamba