En entérinant l’accord de Washington signé avec le Rwanda sous les auspices des États-Unis, la République démocratique du Congo s’attend au retour de la paix, au retrait des troupes rwandaises et à la cessation du soutien à la rébellion de l’AFC/M23. C’est ce qu’a affirmé le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, lors d’un briefing de presse co-animé avec Tina Salama, porte-parole de Félix Tshisekedi, mercredi 3 décembre 2025 à Washington. M. Patrick Muyaya a rappelé que les attentes de Kinshasa sont connues auprès du médiateur.
"Nous savons qu’il y a des problèmes sur le terrain, et le Président de la République a eu l’occasion de dire ce que signifie la paix pour nous. La paix, pour nous, signifie retrait des troupes rwandaises, cessation de soutien aux supplétifs. C’est clair. Et nous pensons que, du côté de l’Amérique, la position de la RDC est connue", a déclaré Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement.
À la question relative aux mesures contraignantes contenues dans l'accord de Washington, Patrick Muyaya brandit JOC (Comité de surveillance conjointe) et le JSCM (Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité) structures créées pour superviser la mise en œuvre de l’accord de paix de Washington, signé entre la République démocratique du Congo et le Rwanda sous les auspices des États-Unis. Leurs rôles incluent la gestion des tensions, le suivi des violations, ainsi que la coordination des actions sécuritaires, notamment la neutralisation des groupes armés comme les FDLR et la levée des mesures défensives du Rwanda.
"N’oublions pas que nous avons le mécanisme conjoint sur lequel nous travaillons. N’oublions pas qu’il y a un comité conjoint de supervision où les services y compris américains suivent la situation sur le terrain. La rencontre entre les chefs d’État aurait déjà dû avoir lieu depuis plusieurs jours : elle a été postposée. Mais je crois que cette fois-ci, nous venons parce que le Président Trump aura l’occasion d’écouter le Président Tshisekedi, qui lui fera évidemment le point de tout ce qui se passe sur le terrain et nous espérons qu’au sortir de ces discussions à la Maison Blanche, et de tout ce qui va se faire, la paix pourra devenir effective, avec un engagement plus fort du gouvernement américain pour s’assurer que le Rwanda, de son côté, fasse sa part afin que la paix soit restaurée et que nous puissions passer au chapitre économique", a ajouté Muyaya.
La rencontre annoncée entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, prévue le 4 décembre à Washington, devait être le symbole d’un tournant diplomatique. Sous l’impulsion directe des États-Unis, les deux dirigeants doivent ratifier l’accord signé en juin et donner corps au cadre d’intégration économique régionale adopté début novembre. Pourtant, à mesure que l’échéance approche, l’optimisme initial se fissure et laisse place à une réalité beaucoup plus complexe : un processus poussé par Washington, mais freiné par une défiance politique enracinée, des divergences de lecture et une situation militaire inchangée dans l’est de la République démocratique du Congo.
La médiation qatarie constitue un autre volet essentiel du dispositif diplomatique. Un accord-cadre a été signé entre Kinshasa et le M23, mais son contenu reste largement à négocier. Sur le terrain, rien n’a changé : les positions ne bougent pas, les lignes de front restent actives et aucune mesure de confiance n’a été mise en place. La juxtaposition des deux processus (Washington et Doha) montre la complexité du dossier : d’un côté une médiation interétatique, de l’autre une négociation politico-militaire directe avec la rébellion.
Clément MUAMBA