Malgré plus de huit mois de médiation menée par les États-Unis et le Qatar pour mettre fin au conflit en République démocratique du Congo (RDC), les civils continuent de subir de graves violations des droits humains, a dénoncé Amnesty International jeudi, alors que les présidents rwandais et congolais doivent signer un nouvel accord de paix à la Maison Blanche.
« La signature imminente de l’accord de paix intervient alors que la violence se poursuit dans l’est de la RDC, avec une souffrance immense pour les civils », a déclaré Tigere Chagutah, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et australe.
Selon l’organisation, les discussions menées depuis des mois et la signature de plusieurs accords, tant à Washington qu’à Doha, « n’ont eu aucun impact tangible sur la vie des civils congolais ». Amnesty appelle le président Donald Trump à « faire pression » sur les dirigeants du M23, du Rwanda et de la RDC pour mettre fin aux abus et les avertir qu’ils seront « individuellement responsables » du non-respect de l’accord.
Amnesty affirme avoir reçu des informations crédibles sur des exactions commises par des combattants Wazalendo, alliés de l’armée congolaise, ainsi que sur des meurtres de représailles perpétrés par les rebelles du M23 contre des civils soupçonnés de collaborer avec ces milices. Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées en octobre, et dans certaines zones du Nord-Kivu, des habitants se réfugient désormais dans les forêts par crainte d’attaques.
« Les Congolais en ont assez des discours grandiloquents. Des milliers de civils sont pris en étau entre deux forces brutales », a poursuivi M. Chagutah, décrivant d’un côté des exécutions sommaires, actes de torture, viols collectifs et enlèvements attribués au M23 soutenu par le Rwanda, et de l’autre des homicides, violences et abus commis par des membres des Wazalendo.
L’organisation dénonce également « l’inaction » des diplomates internationaux — notamment des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Union africaine — accusés de ne pas exercer de pressions directes et constantes sur Kigali et Kinshasa pour qu’ils cessent de soutenir les groupes armés responsables d’abus.
« Tant que les diplomates n’imposeront pas de conséquences aux parrains du M23 et des Wazalendo, les civils congolais continueront de souffrir », a averti M. Chagutah.
Selon Amnesty, le processus diplomatique piloté par Washington implique les États-Unis, la RDC et le Rwanda depuis avril. Un premier accord avait été signé le 27 juin dans la capitale américaine, permettant au Rwanda de maintenir des « mesures défensives » dans l’est congolais tant que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et groupes affiliés ne seraient pas « neutralisés ».
Le 15 novembre, le Rwanda et le M23 avaient signé au Qatar un cadre d’accord comprenant huit protocoles, dont la plupart doivent encore être négociés entre les deux parties.