Si à Luanda, avec la médiation angolaise, la rencontre entre Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda) n’avait pas été possible, à Washington, grâce à l’administration Trump, elle l’est désormais après plusieurs reports. Les deux chefs d’État séjournent déjà à Washington pour entériner ce jeudi 4 décembre 2025 l’accord de Washington, signé en juin par leurs ministres des Affaires étrangères et de la Coopération internationale sous les auspices des États-Unis.
Présenté par les médiateurs américains comme un tournant diplomatique, cette rencontre doit permettre de ratifier, en présence du président américain Donald Trump, l’accord de paix conclu il y a déjà cinq mois. Cela intervient dans un contexte où les positions de Kinshasa et Kigali restent profondément divergentes quant au contenu de cet accord, suivi de près par Massad Boulos, "Monsieur Afrique" de l’administration Trump, et Marco Rubio, secrétaire d’État américain.
Selon le programme officiel du Département d’Etat dévoilé par la Présidence congolaise, la cérémonie va se dérouler en deux temps et toutes les parties se sont accordées sur tous les détails protocolaires du programme confiné en 1h30 minutes. La première étape se déroulera ce jeudi à 11 heures à la Maison Blanche.
"Le président américain Donald Trump va accueillir ses hôtes respectivement à 11h et 11h 10 avant de les convier à une rencontre trilatérale d’une dizaine de minutes dans son bureau ovale de la Maison Blanche. Le protocole ne prévoit pas à ce stade de prise de parole des chefs d’Etat. Seuls les ministres des affaires étrangères de la RDC et du Rwanda accompagneront les deux chefs d’Etat dans le bureau du président américain", renseigne la présidence.
La signature de l’Accord proprement dit aura lieu à l’USIP (United State Institute for Peace), l’institut pour la paix des États Unis. Pour marquer le caractère solennel et historique, 8 chefs d’Etat ou leurs représentants y sont attendus en qualité de témoins de cet accord en plus du président Trump, selon la même source.
Il s’agit des dirigeants de l’Angola, du Burundi, du Kenya , du Qatar, du Togo, de l’Ouganda , des Émirats arabes unis et du président de la commission de l’Union africaine. En leur présence et devant des caméras du monde entier, a-t-il poursuivi,les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame vont apposer leur signature sur « l’Accord de paix » , le même document qui avait été signé le 27 juin dernier par les ministres des affaires étrangères des deux pays. Par cet acte , les deux chefs d’Etat entérinent ce document qui est un instrument international de paix formel et juridiquement contraignant,conclu entre deux États souverains, sous les bons offices des États-Unis, et en présence des représentants du Qatar et du Togo, en qualité de facilitateurs.
A l’issue de cette cérémonie, des déclarations publiques des présidents Donald Trump, Paul Kagame et Félix Tshisekedi sont attendues.
La rencontre annoncée entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, prévue le 4 décembre à Washington, devait être le symbole d’un tournant diplomatique. Sous l’impulsion directe des États-Unis, les deux dirigeants doivent ratifier l’accord signé en juin et donner corps au cadre d’intégration économique régionale adopté début novembre. Pourtant, à mesure que l’échéance approche, l’optimisme initial se fissure et laisse place à une réalité beaucoup plus complexe : un processus poussé par Washington, mais freiné par une défiance politique enracinée, des divergences de lecture et une situation militaire inchangée dans l’est de la République démocratique du Congo.
La médiation qatarie constitue un autre volet essentiel du dispositif diplomatique. Un accord-cadre a été signé entre Kinshasa et le M23, mais son contenu reste largement à négocier. Sur le terrain, rien n’a changé : les positions ne bougent pas, les lignes de front restent actives et aucune mesure de confiance n’a été mise en place. La juxtaposition des deux processus (Washington et Doha) montre la complexité du dossier : d’un côté une médiation interétatique, de l’autre une négociation politico-militaire directe avec la rébellion.
Clément MUAMBA