A la veille de l’arrivée du pape François en République Démocratique du Congo, kinoises et kinois ont confié leurs attentes de cette visite officielle. Entre dialogues diplomatiques, paix, concertations nationales, ce ne sont pas les avis qui manquent à quelques heures de la visite du souverain pontife.
« J’ai passé mon enfance dans l’église catholique. C’est là que j’ai été baptisé, j’y ai également appris à servir Dieu », se rappelle Hélène Basengezi, rencontrée dans l’enceinte de la paroisse Saint-Eloi de Barumbu.
Et de poursuivre, « devenue adulte, j’ai dû orienter ma foi vers une autre église. (…) cette visite est particulière pour moi. Notre pays est en ce moment en proie aux conflits armés et intercommunautaires, que ce soit dans l’Est du pays ou dans plusieurs autres provinces. Je crois que cette visite de l’une des autorités de l’Eglise peut avoir un impact considérable sur cette situation. Je compte sur sa prière pour le retour de la paix et une paix durable ».
Norbert Kinkela est un motard. Croyant du ministère du prophète William Marrion Branham, il espère également que cette visite peut contribuer au retour de la paix et invite le Chef de l’Etat à honorer toutes les confessions religieuses.
« Même si je ne suis pas croyant catholique, je crois que cette visite pourrait avoir un impact sur le climat sécuritaire de la RDC. Le Chef de l’Etat a pris une bonne initiative d’honorer les autorités des églises en RDC. Il a été dans l’Eglise de réveil, dans l’église kimbanguiste, auprès des arabes et on voit qu’aujourd’hui, il invite le pape à venir à Kinshasa. Qu’il poursuive cette initiative en honorant toutes les confessions. Je pense que cette voie du regard tourné vers Dieu peut vraiment contribuer à rétablir la paix dans le pays », confie-t-il.
Christelle Eyenga et Ngalamulume Sébastien estiment que le pape devait être la voie qui mène à un dialogue sincère entre la RDC et ses voisins.
« Notre pays est entouré de 9 autres pays. C’est un élément à prendre en compte dans la stabilisation de la paix. Jusque-là, le voisin qui est vraiment impliqué dans l’insécurité en RDC,c’est le Rwanda. Et le Pape François, à travers sa visite peut être un canal pour un dialogue sincère entre ces deux Etats. Peut-être que cela ouvrira la porte au processus de paix durable », espère Christelle Eyenga, responsable d’un dépôt de boissons.
A Ngalamulume Sébastien, enseignant dans une école primaire privée de renchérir, « On ne sait pas déterminer avec exactitude ce que le pape apporte en termes de message à la population congolaise. Personnellement, je demanderai qu’en dehors des messages d’amour et de réconciliation, il puisse projeter des rencontres avec les autorités de la RDC et celles du Rwanda. Notre pays est agressé depuis plus de deux décennies. En tout cas, si le pape parvient à rencontrer les deux parties pour les écouter et orienter vers les solutions, ce ne sont pas juste les croyants catholiques qui en seront heureux, c’est toute la population congolaise victime des conflits interminables ».
Pour contexte, La dernière visite d'un pape à Kinshasa remonte à celle de Jean Paul II en 1985. Le rendez-vous du pape François en territoire congolais va se dérouler au moment où le pays fait face à l’activité du mouvement rebelle M23, accusé par Kinshasa d’être soutenu par le Rwanda, ou des ADF, sans compter les attaques des CODECO dans les camps des déplacés.
Prisca Lokale