Le conseil de l’Union européenne a annoncé jeudi l’octroi d’un montant supplémentaire de 20 millions d’euros destinés à l’aide à la poursuite du déploiement des troupes rwandaises au Mozambique. C’est dans le cadre de la facilité européenne pour la paix (FEP), un instrument extrabudgétaire qui a pour objectifs d'améliorer la capacité de l'UE à prévenir les conflits, à consolider la paix et à renforcer la sécurité internationale. Ce dispositif permet, dit l’UE, de financer des actions opérationnelles relevant de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et ayant des implications militaires ou dans le domaine de la défense.
La décision est désapprouvée notamment par Denis Mukwege. Le Prix Nobel de la Paix s’est dit scandalisé « d'apprendre que l’UE débloque 20 millions € pour les RDF, une armée à la base de l’agression de la RDC, d'une crise humanitaire dramatique et auteure de graves violations des Droits de l'Homme et du Droit International Humanitaire.
Le médecin est activiste congolais soupçonné d’ailleurs le Rwanda d’être impliqué dans les violences à Kishishe, dans la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru, à une centaine de kilomètres de Goma.
« Ces crimes doivent entraîner des sanctions rapides aux forces d'occupation M23/RDF et des poursuites par la justice nationale et internationale », a-t-il déclaré jeudi après avoir appris des nouvelles « faisant état de massacre de masse, de personnes disparues et recrutement forcé d’enfants » dans cette zone.
Quatre jours plus tôt, dans sa déclaration sur l’impératif de la mise en œuvre du régime de sanctions, Denis Mukwege avait interpellé particulièrement la communauté internationale: « Il est impératif que les Etats qui fournissent des armes aux groupes armés qui sont frappés d’embargo soient sanctionnés. En outre, toute coopération militaire bilatérale avec les Etats fournisseurs doit impérativement cesser si l’on veut créer les conditions propices à la désescalade ».
Toujours sur Twitter, Clément Boursin, Responsable des programmes Afrique à l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT-France), a réagi au coup de gueule de Denis Mukwege: "Il fallait s'attendre à de telles positionnements venant de RDC. Ou comment les États membres de l'UE ne se rendent réellement pas compte que de tels choix politiques, dans le contexte de crise actuelle, peuvent potentiellement nuire à leur partenariat sur place".
"En finançant l’armée rwandaise, l’UE (comme les États Unis et d’autres pays avant elle) cautionne, voire soutient indirectement le conflit armé dans l’Est de la RDC, qui a des conséquences humanitaires et de droits humains absolument dramatiques. Scandaleux. Immoral. Insensé", a pour sa part déclaré Jean-Mobert Senga d'Amnesty international.