RDC : toujours privée de son site de Kasulo, l'Entreprise générale du cobalt sollicite l'implication notamment du gouvernement pour lui permettre de jouer convenablement son rôle

De G à D : Mpanu Mpanu Tosi, Directeur de Conformité et HSSE à l'EGC, Takis Kumbo Jean-Dominique, DG de l'EGC, Kazadi Tshibangu Elisée, DGA de l'EGC, Kitobo Pierrot, Administrateur à l'EGC
De G à D : Mpanu Mpanu Tosi, Directeur de Conformité et HSSE à l'EGC, Takis Kumbo Jean-Dominique, DG de l'EGC, Kazadi Tshibangu Elisée, DGA de l'EGC, Kitobo Pierrot, Administrateur à l'EGC

Longtemps victime des critiques pour les cas de violations de droits humains dans les mines artisanales de cobalt, la RDC s'était activée à formaliser le secteur par la création de l’Entreprise Générale du Cobalt (EGC) pour encadrer l’achat et la commercialisation de la production artisanale. Les activités de la société consistent en la création et la supervision des zones d’exploitation artisanale de cobalt sécurisées et strictement contrôlées, mais également en la commercialisation du produit. Elle a le monopole pour acheter la production de tous les sites artisanaux.

Près de deux ans après le lancement de ses activités, la société n'arrive pas convenablement à jouer son rôle. Au cours d'un atelier organisé ce vendredi 30 septembre au centre culturel de Kinshasa, le comité de gestion de cette entreprise a profité de l'occasion pour secouer les consciences et interpeller les autorités à s'impliquer davantage pour permettre à la société d'atteindre ses objectifs.

« Il était important que nous puissions continuer à partager notre engagement à conduire notre mission, le mandat qui est le nôtre de régler toute une série de problèmes auxquels la RDC fait face. Ce sont les conditions des creuseurs bien entendu les enfants, les femmes enceintes qui doivent absolument être sortis des sites miniers mais pour cela il faut pouvoir payer correctement ces creuseurs de sorte qu'ils puissent gérer aussi leurs familles. De l'autre côté, il faudra mettre fin à la fraude dont l'État est la première victime. C'est ce cobalt fraudé et l'État ne reçoit pas la contrepartie au niveau des taxes et redevances diverses. Il faut mettre un terme à cela, c'est pour ça que nous avions parmi nous aussi les membres du parlement sénateurs et députés nationaux pour qu'ils prennent la mesure de l'importance de la contribution que l'EGC doit avoir au trésor public et comme nous sommes en session budgétaire, il est indiqué que lors de l'examen de la loi de finances les députés et les sénateurs puissent soulever la question pourquoi EGC n'est toujours pas en opération », a fait savoir Takis Kumbo Jean-Dominique, Directeur Général, devant la presse, les acteurs de la société civile et des députés nationaux et sénateurs.

A
Takis Kumbo Jean-Dominique

Toujours en rapport avec les blocages, la société peine à posséder son site de Kasulo  jusqu'à ce jour dans la province du Lualaba suite aux pesanteurs externes. Ils sollicitent l'implication des autorités au niveau national.

« Nous avons besoin de pouvoir accéder à un site qui appartient à notre maison mère, ça nous permet de lancer, de mettre en place un modèle dont nous sommes convaincus qui fera date et qui fera tâche d'huile sur les autres parce que ce que nous allons faire, la manière dont les creuseurs vont travailler, être payés, tous ceux qui sont dans ce secteur se sentiront attirés par la manière dont on va fonctionner pour l'imposer sur d'abord le Haut-Katanga et le Lualaba mais je pense que tous ceux qui seront dans le secteur artisanal à travers le pays dans d'autres secteurs trouveront qu'il y a moyen de s'en sortir et pas juste de vivoter », a indiqué le patron de l'EGC.

Et de poursuivre :

« Nous sommes en discussions depuis juin ou juillet 2020 comme nous l'avons exposé pour reprendre un site qui appartient à notre maison mère, la Gécamines, c'est un site qui s'appelle Kasulo qui est à Kolwezi qui est sur un permis de Gécamines. Nous regrettons que nous n'arrivons pas malgré tous les engagements pris depuis le début par les autorités provinciales, l'accompagnement que nous avons sollicité au niveau national que nous n'arrivons pas à entrer en opération sur ce site et que Gécamines n'arrive pas à recouvrer sa pleine propriété ».

Le comité de gestion de l'EGC estime que les lois du pays doivent être respectées afin de permettre à l'entreprise nationale de jouer pleinement son rôle.

« Un décret c'est la loi, le Cobalt tout comme le Coltan et le Germanium ont été déclarés substances minérales stratégiques, vous allez dans le code minier, vous allez trouver en son article 7 bis qu'une fois des substances minérales sont déclarées comme stratégiques, elles sortent, elles rentrent dans un cadre réglementaire particulier autrement dit un cadre réglementaire dérogatoire donc ce que nous nous disons le Cobalt étant dans ce cadre-là pris comme substance minérale stratégique, le gouvernement s'étant octroyé le monopole pour  5 ans, il nous semble clair et simple que ni Chinois, ni qui que ce soit n'a le droit de faire ce que l'État se dit qu'il ferait tout seul, l'EGC n'est que le bras exécutant de la volonté de l'État », a interpellé Takis Kumbo Jean-Dominique.

À l'en croire, si toutes les conditions sont réunies, l'EGC va beaucoup contribuer dans le budget de l'État.

« Au niveau du trésor, nous l'avons dit si vous avez vu les chiffres que nous avons présenté, l'anticipation pour les 4 prochaines années 2023-2026 ça représente plusieurs centaines de millions de dollars américains comme revenus au niveau du Trésor public à travers la redevance, impôts et aussi la participation de l'État dans la société donc ces dividendes donc c'est tout à fait majeur et on a eu l'occasion de vous le dire dans la présentation ici, la réception internationale qu'a reçu la mise en place de ce dispositif par le gouvernement a été très bien accueilli que ça soit à l'OCDE, vous pouvez aller partout en Europe, tout le monde a très bien reçu cette initiative », a-t-il souligné.

Outre les difficultés, l'EGC a également accompli quelques réalisations en vue d'atteindre les missions et objectifs lui assignés par le gouvernement.

« Développement et publication des normes d'approvisionnement responsable conforme au guide de l'OCDE et aux lois et règlements en vigueur en RDC pour un environnement de travail sécurisé et sécuritaire ; mise en place du comité local de suivi (CLS) qui est un cadre de dialogue permanent entre les parties prenantes avec la communauté locale ; approvisionnement et entreposage de matériels et d'équipements pour garantir la sécurité des creuseurs et la traçabilité du Cobalt ; la réalisation d'une étude socioéconomique pour évaluer l'impact de l'EGC sur les communautés et leurs conditions etc. », a énuméré Kazadi Tshibangu Elisée, Directeur Général Adjoint de l'EGC.

Entreprise Générale du Cobalt SA "EGC"  est une filiale de GECAMINES créée en 2019 et ayant reçu pour mandat de l’État d’exercer en République démocratique du Congo un monopole d’achat sur le cobalt issu de l’exploitation artisanale nécessitant une transformation préalable à son exportation avant de le commercialiser et de veiller à ce que cette production respecte les meilleurs standards en matière de responsabilité sociale et environnementale et de traçabilité.

Leader mondial de la production de cobalt, d'après les statistiques, la RDC produit 63 % de l’offre mondiale et 20 % de ses volumes annuels proviendraient de l’exploitation artisanale.

Clément MUAMBA