Le 11 avril, la Cour de cassation a annulé l'arrêt de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe condamnant Vital Kamerhe à 13 ans de travaux forcés. Ce mardi dans les rues de Kinshasa, le Desk Femme a interrogé des kinoises à ce sujet. Si pour certaines le droit a été dit, d’autres estiment que ce procès a subi des influences politiques à l’approche des élections.
« L’Etat de droit ne consiste pas seulement à maintenir une personne en prison. Il faut également prouver sa culpabilité sur tous les plans. Je suppose donc que le premier jugement avait été établi mais la Cour a découvert des irrégularités et cela est tout à fait normal que l’affaire soit transmise à une autre Cour. Il revient aux prochains juges d’être sévères et honnêtes à l’égard de la Loi », souligne Antoinette Bopunga, responsable du cabinet médical ‘La Grace’.
Selon la cour de cassation, la Cour d’appel aurait violé l’article 104 du code de procédure pénale, lors de l’examen du dossier. La Cour de cassation a également souligné que la juridiction d’appel a statué sur base d’une notification de date d’audience alors qu’elle aurait dû citer le prévenu, ce qui constitue aussi une violation du droit de la défense prévue par l’article 19 de la Constitution.
« Je pense que la Cour de cassation a dit ce qui est juste. La rapidité et l’engouement qu’ont suscité le procès des 100 jours devaient avoir de tels résultats », explique Agnès Ntumba, vendeuse des beignets, qui espère en même temps qu’au cours des prochaines audiences, l’affaire sera jugée en toute indépendance.
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Si les deux interventions sont plutôt positives, Esther Mutabazi, Léonie Fungula et Clémentine Kabeya s’opposent catégoriquement à cette décision de la Cour de cassation.
« Je savais que Vital Kamerhe ne resterait pas longtemps en prison. 2023 approche. Le parti au pouvoir ne peut pas aller seul aux élections contre le FCC de Joseph Kabila, le MLC, le groupe de Moise Katumbi, Lamuka ainsi que l’UNC. Il faut au moins avoir un adversaire qui peut se transformer en un allié pour aller aux élections ou contourner l’organisation des élections », analyse Esther Mutabazi, agent de la fonction publique, convaincue que « c’est pour cette raison que Vital Kamerhe est remis en liberté dite provisoire ».
A Léonie Fungula, ménagère d’ajouter, « en tout cas, je pense que cette affaire ne relève pas de la justice mais plutôt de la politique. Les autorités judiciaires ont peut-être reçu des commandements de la part des autorités politiques pour libérer Vital Kamerhe. Et la meilleure procédure pour y parvenir, consiste à établir que le jugement rendu sur ce dossier était biaisé. Nous voulons que le Congo change. Mais comment y arriver avec des circonstances pareilles ? Que Dieu nous vienne en aide »
Clémentine Kabeya, qui est également membre d’un parti politique, s'appuie sur les exemples d’autres personnalités interpellées par la justice puis relâchés. « Le ministre Eteni Longondo n’a jamais répondu de sa gestion des fonds liés à la riposte contre le coronavirus, Willy Bakonga a été relâché et est revenu au niveau de l’Assemblée Nationale, (…) On a vraiment l’impression que cette justice ne punit que les plus faibles. Nous ne savons même plus quoi dire au sujet des dossiers de justice » a-t-elle affirmé.
Vital Kamerhe avait été condamné le 20 juin 2020 à 20 ans de travaux forcés par le tribunal de grande instance de Gombe dans une affaire de détournement de détournement de fonds public. Il avait vu sa peine être réduite en appel à 13 ans de travaux forcés en juin 2021. Mais il ne vivait plus en prison peu après sa condamnation officiellement pour des « raisons de santé ».
D’autres condamnés dans le même dossier, Samih Jammal, 20 ans au premier degré avait vu sa peine passer à 6 ans au second degré, tandis que Jeannot Muhima qui avait écopé de 2 ans de prison s’est vu condamner à une année en appel. Il avait déjà recouvré sa liberté tandis que Samih Jammal est toujours en détention dans un centre médical de la capitale.
Prisca Lokale