RDC : plus de 300 pirogues et 60 moteurs toujours confisqués en Ouganda malgré la libération des pêcheurs congolais du lac Edouard

Les pêcheurs sur le lac Edouard/Ph. ACTUALITE.CD

Au moins 330 pirogues et 62 moteurs hors-bords appartenant à des pêcheurs congolais exerçant sur le lac Edouard demeurent confisqués en Ouganda en dépit de leur libération fin novembre  2021 des prisons ougandaises. Selon Mbusa Kavasya Noé, président du comité de pêcheurs de Kyavinyonge, l’importante pêcherie congolaise située à la côte ouest du lac Édouard, ces engins et autres matériels de pêches avaient été saisis depuis 2015 par la marine ougandaise à la suite d’une série d’opérations d’arrestation des pêcheurs congolais accusés de violer la frontière lacustre. Il parle d'une perte énorme pour des pêcheurs qui ne savent plus refaire leur vie malgré leur libération.  

«Depuis 2015, nous avons subi des tracasseries de la part des Ougandais. 400 pêcheurs avaient été torturés par UPDF. L’un a même perdu la vie. S’en est suivi des arrestations régulières des pêcheurs, envoyés en prison en Ouganda. Certains condamnés à trois ans de prison. Aujourd’hui, tous ont été libérés après des pourparlers entre notre président (Félix Tshisekedi, ndlr) et Museveni (le président Ougandais, ndlr). Mais il y a un problème : leurs matériels de pêche n’ont jamais été restitués. Depuis 2015, 270 moteurs ont été saisis par la marine ougandaise, mais seuls 207 ont été restitués. Plus de 62 moteurs restent en Ouganda. Il y a également 330 pirogues toujours confisquées en Ouganda. C’est une perte énorme pour les pêcheurs. Une pirogue et ses kits de pêche, c’est autour de 2000 dollars américains, le moteur à lui seul c’est 2400 dollars aujourd’hui. Nous demandons à notre gouvernement de nous aider pour que nos matériels de pêches nous soient restitués. Notre vie en dépend», plaide au téléphone d’ACTUALITE.CD, Mbusa Kavasya Noé, représentant des pêcheurs de Kyavinyonge. 

Depuis 2015, des pêcheurs congolais sont régulièrement arrêtés sur le lac Édouard par la marine ougandaise qui les accuse de violer la frontière lacustre en allant pêcher dans les eaux ougandaises. Selon des sources à Kyavinyonge, faute de réglementation de la pêche du côté congolais, les eaux congolaises font face à la pêche illicite. Conséquence : la partie congolaise estimée par le comité de pêcheurs à près de 75% de la superficie du lac Édouard, se vide des poissons et les pêcheurs congolais se rendent du côté ougandais espérant revenir du lac avec des poissons. Le comité de pêcheurs de Kyavinyonge appelle le gouvernement congolais à doter la marine congolaise des moyens pour le contrôle et la surveillance des activités de pêche. Il plaide également pour le balisage de frontière lacustre pour la visibilité de la limite des eaux congolaises.

Claude Sengenya