RDC : les FARDC, la PNC, la société civile et les décideurs ont réfléchi sur « le rôle de la femme dans le recrutement d'enfants soldats »

Photo/ Actualité.cd
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Une conférence axée sur le rôle des femmes dans la prévention du recrutement et de l'utilisation d'enfants comme soldats s'est tenue le 18 novembre à Kinshasa, en marge de du quatrième anniversaire des principes de Vancouver auxquels la RDC fait également partie. Elle a été organisée par l'institut Dallaire pour les Enfants, la Paix et la sécurité et le Service d'éducation civique, patriotique et d'actions sociales (SECAS) avec le soutien de l'ambassade du Canada. 


En effet, ces 17 principes (Vancouver) constituent un ensemble d’engagements politiques portant sur la protection des enfants dans les opérations de maintien de la paix, y compris à toutes les étapes du cycle d’un conflit. Ils mettent l’accent sur la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats par des forces armées et des groupes armés. Le 11 -ème principe aborde spécifiquement la prise en compte de la contribution essentielle des femmes ainsi que des rôles distinctifs des hommes et des femmes dans cette mission. 


Lors de la première phase de l’activité, des diplomates accrédités en RDC, notamment du Canada, de l’Allemagne, la Belgique, Roméo Dallaire (Fondateur de l’Institut Dallaire), les représentants des ministres du genre, enfant et famille ainsi que de la défense et anciens combattants ont exposé sur leurs contributions dans cette lutte, des instruments juridiques abordant ce sujet mais aussi leurs attentes auprès des participants. 


« Aux femmes présentes dans cette conférence, le micro sera à vous pour que vous puissiez partager vos points de vue, vos observations. A la forte présence des militaires des FARDC, j’invite aussi à contribuer activement aux débats. (…) Je vous encourage tous à saisir cette opportunité pour découvrir, apprendre, partager vos expériences, pour que le recrutement des enfants de la RDC par les groupes armés devienne chose du passé. Plus concrètement, qu’au terme de cette journée, vous ayez identifié des moyens évidents permettant d’augmenter le nombre des femmes dans la résolution des conflits et l’inclusion des femmes dans le processus de DDR Communautaire », a dit Benoit-Pierre Laramée, ambassadeur du Canada. 


« Pourquoi n’y a-t-il pas suffisamment des femmes décideurs au sein de l’Armée ? »


Après une pause d’environ une heure, les participants ont été répartis en 4 commissions mixtes (PNC, FARDC, Société civile, Décideurs, ONG pro-droits des femmes). Chaque table, composée d’environ dix membres, réfléchit durant deux heures sur des thématiques proposées par les organisateurs. Notamment, identifier des cas des violations des droits des enfants en RDC, répertorier des avancées enregistrées au cours des dernières années et soumettre des perspectives. 


Ensuite vient le moment des débats dans l’assemblée. Une question est soulevée, « on parle bien-sur du rôle de la femme dans le recrutement des enfants comme soldats. Mais quel poste occupe cette femme au sein de l’Armée nationale ? » s’interroge le groupe 4, porté par Annie Matundu, présidente de la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, en abrégée WILPF RDC.  


Lieutenants, Colonels, certains membres de l’Armée pose le critère de compétences. Ce qui amène les ONG féministes à rejeter le prétexte et à relever plutôt l’hypothèse de la « non prise en compte de la discrimination positive dans la promotion en grades ».  A Annie Bambe, du Forum pour les Droits des Jeunes et Enfants au Congo et de la Coalition Beijing +25 d’ajouter, « je voudrais recommander qu’au sein de nos Forces Armées, soit mis en place un programme de renforcement des capacités en genre. Et lorsqu’il y a des nominations, que des quotas soient réservés aux femmes ».


Les deux propositions sont également soutenues par la Colonelle Nénette Mukembe, des FARDC, qui suggère en même temps « le renforcement des capacités des femmes qui travaillent au sein de l’armée ».  
Des propositions pour mettre fin au recrutement des enfants comme soldats
Parmi les participantes, Sandrine Lusamba, Coordonnatrice nationale de la SOFEPADI, une ONG qui couvre la zone EST de la RDC en proie aux conflits rappelle qu’il y a d’énormes avancées en RDC parce qu’actuellement, les enfants ne sont plus dans les rangs de l’Armée. 


Cependant, ajoute-t-elle, « les enfants sont dans la milice, des jeunes de nos communautés, utilisés comme porteurs des bagages, pour des pratiques fétichistes. (…) Mais en termes de rôle des femmes, au sein de la SOFEPADI, nous avons des femmes animatrices qui sont allées jusque dans la brousse pour sensibiliser les jeunes à retourner dans leurs communautés. Nous avons des mini projets intégrateurs de Paix et de développement qui nous permettent d’encadrer les jeunes à risque. Si le gouvernement lance le programme DDR, cela permettra d’impliquer des nombreux autres femmes ».  


Annie Matundu a également plaidé pour la vulgarisation de la résolution 1612 du Conseil de sécurité qui aborde la protection des droits des enfants et la mobilisation des fonds pour la mise en œuvre de la 1325 (Femmes, Paix et Sécurité) 
Gervain Kamusoke est Lieutenant-Colonel, diplômés d’Etat-Major, a ajouté que son groupe a produit comme recommandations, « d’identifier, documenter et cartographier les associations féminines sur toute l’étendue de la RDC, ensuite les former sur ces thématiques, et mener des plaidoyers auprès des décideurs pour l’inclusion des femmes dans tous les processus de Paix ». 


Pour Arsène Mukendi, responsable de la Fondation Dallaire en RDC, l’objectif de base était de réunir les femmes du secteur de sécurité et de la Société civile pour adopter un langage commun, relever les défis et les opportunités qui se présentent à elles dans le cadre de la prévention du recrutement d’enfants comme soldats. 
« Les recommandations issues de cette conférence seront présentées aux décideurs. D’autres formations et ateliers sont également en projet. Nous avons une approche globale qui implique le cadre juridique, le DDR, le secteur de sécurité et protection de l’enfant. Au niveau des communautés, il y a des acteurs majeurs qui seront pris comme cibles (les femmes leaders, y compris) », a-t-il renchérit.  


1er Commandant adjoint du SECAS, le Général Bombele Camille a clôturé l’atelier. Pour rappel, lors de leur mise en place en 2017, 55 États membres de l’ONU sont devenus les premiers à souscrire aux Principes de Vancouver. Aujourd’hui, on compte plus de 100 États signataires de ces principes, dont la RDC.