RDC-Forêt : l’UE et le Gouvernement poursuivent le dialogue sur les mesures d’accompagnement de la levée du moratoire

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L’Union européenne et le Gouvernement congolais continuent le dialogue, avec d’autres partenaires, pour élaborer les mesures d’accompagnement de la levée du moratoire sur les forêts de la République démocratique du Congo.

Le sujet a été déjà abordé au cours de plusieurs échanges entre la Vice-Primature en charge de l’Environnement et Développement durable, l’Union européenne et les autres partenaires de la RDC afin d’avoir une seule vision sur cette décision courageuse du Gouvernement congolais.

Pour l’Union Européenne, la levée du moratoire sur les forêts de la RDC est une décision qui permettra à l’Etat  de reprendre le contrôle de la gestion de ses ressources forestières. Pour cela, «  il faut contrôler, régler, veiller à ce qu’il n’y ait pas d’exploitation illégale des ressources forestières et que la RDC ne soit pas dépouillée de ses ressources », a fait remarquer M. Jean-Marc Châtaigner, Ambassadeur de l’Union européenne en RDC qui s’est confié la semaine dernière à ACTUALITE.CD.

« C’est un sujet important. C’est un sujet sur lequel nous avons aussi discuté durant le dialogue politique entre Madame la Vice-Première ministre et les pays européens. Nous comprenons les autorités congolaises, la levée du moratoire ne vise pas du tout l’exploitation illégale de la forêt, au contraire c’est une volonté de reprise en mains. Donc, nous sommes véritablement en discussion avec les autorités pour voir quelles sont les mesures d’accompagnement que nous pouvons mettre en place. L’objectif de Madame la Vice-Première ministre est tout à fait louable. Il faut contrôler, régler, veiller à ce qu’il n’y ait pas d’exploitation illégale des ressources forestières du Congo. Que le Congo ne se fasse pas dépouiller de ses richesses », a expliqué M. Jean-Marc Châtaigner, Ambassadeur de l’Union européenne en RDC.

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Le Diplomate européen a également insisté pour prendre en compte les points de vue de la société civile nationale et internationale.

« Alors qu’il ait moratoire ou pas, il faut qu’il ait le contrôle d’exportation des ressources forestières de la RDC. C’est un enjeu pour nous mais aussi très important pour la RDC. Nous poursuivons en ce moment ce dialogue. Il faut aussi tenir compte des avis de la société civile, la société civile internationale, tous les partenaires. Mais je dois vous dire que nous nous sommes compris », a ajouté M. Jean-Marc Châtaigner.

Pour rappel, au cours de la onzième réunion du Conseil des ministres qui a eu lieu le vendredi 09 juillet dernier, les membres du Gouvernement de la République avaient entre autres, examiné et adopté le dossier relatif aux 10 mesures urgentes relatives à la gestion durable des ressources naturelles– forêt, proposées par la VPM Eve Bazaïba au regard des enjeux et défis écologiques planétaires de l’heure.

Et Mme Bazaiba avait indiqué que ces mesures sont motivées par le souci d’assainir la gestion du secteur de l’environnement, d’instaurer la bonne gouvernance et de mettre en œuvre la stratégie d’élargissement de l’assiette fiscale. Mais aussi, d’améliorer la gouvernance environnementale en RD Congo et de mettre le pays au même diapason que ses pairs, au regard du contexte global dominé par le changement climatique et les enjeux politiques, économiques et financiers qui en découlent.

Les mesures qui ont choqué plusieurs organisations de la société civile nationale et internationale qui considèrent que la levée du moratoire sur les forêts de la RDC est un plan pour exploiter les ressources forestières. D’où leur appel, le 23 septembre 2021, aux pays membres de la CAFI de conditionner le financement par le maintien du moratoire.

« Nous voulons leur demander urgemment d’intervenir, de faire quelque chose parce que jusque-là on a pas senti la mobilisation internationale. Les mobilisations de ces milliers de dollars pour la protection de la forêt continuent à se  dérouler comme si de rien n’était. Donc, il est inconcevable que ces bailleurs se mobilisent de financer la protection de la forêt alors qu’au niveau national c’est le plan pour la détruire qui est mis en œuvre. Ce que nous demandons c’est que CAFI, avec tous ses membres, tous les pays européens qui veulent donner un appui financier à la RDC pour la protection de ces forêts puissent conditionner la signature de tout nouvel accord avec la RDC par des engagements contraignants entre autres de prolonger ce moratoire. Le seul plan de protection permanente ici c’est la prolongation de de ce moratoire, c’est son renforcement. Parce que ce moratoire constitue un garde-fou à la déforestation en RDC», avait expliqué Mme Irène Wabiwa, Chef de projet international par intérim-Bassin du Congo chez Greenpeace Afrique.

La République démocratique du Congo détient plus de 60% des forêts du Bassin du Congo. Plus de 42% de son  territoire sont couverts par des forêts primaires, abritant plus de 400 espèces de mammifères, plus de 1.000 espèces d’oiseaux, plus de 400 espèces de poissons et plus de 10.000 espèces de plantes.

Auguy Mudiayi