Casques bleus accusés d'abus sexuels: de nombreux précédents

Les caques bleus à Beni
Les caques bleus à Beni

Les accusations d'abus sexuels contre des Casques bleus, qui ont conduit l'ONU à annoncer mercredi le retrait du contingent gabonais de sa mission en Centrafrique, sont récurrentes, particulièrement en RCA.

Depuis 2010, les Nations Unies recensent sur leur site 1.265 accusations d'exploitation et abus sexuels à l'encontre de leur personnel (militaires, policiers et civils), dans le cadre d'opérations de maintien de la paix.

A son arrivée en janvier 2017, le secrétaire général Antonio Guterres a promis "une tolérance zéro" face à ces abus.

Voici les principales affaires depuis 2005:

 

- Centrafrique -

Depuis son installation en 2014, la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) a fait face à une avalanche d'allégations d'agressions sexuelles, mais aucune enquête n'a abouti à des condamnations à ce jour, du moins publiquement.

En mars 2018, Libreville a ainsi annoncé le rapatriement de son contingent de 444 soldats à la suite de "problèmes d'équipement et d'abus sexuels" mais y avait finalement renoncé.

Un an plus tôt, en juin 2017, des accusations d'agressions sexuelles et de divers trafics ont abouti au renvoi d'un bataillon de plus de 600 soldats congolais. En 2016, 120 Casques bleus congolais avaient déjà été renvoyés pour les mêmes motifs.

Des soldats de la force française Sangaris, déployée sous égide de l'ONU entre 2013 et 2016, ont également été accusés de viols et d'abus sexuels, notamment sur mineurs.

L'affaire a éclaté en avril 2015 lorsque le quotidien britannique The Guardian a fait état d'une note interne de l'ONU relatant les auditions de six garçons de 9 à 13 ans qui accusaient des militaires de les avoir violentés dans le camp de déplacés de l'aéroport M'Poko de Bangui. Des viols commis en échange d'argent et de rations de nourriture, entre décembre 2013 et juin 2014, selon leur récit.

En janvier 2018, la justice française a rendu un non-lieu dans ce dossier clos sans aucune inculpation, faute de "charges suffisantes".

 

République démocratique du Congo -

Lors de son déploiement, de 1999 à 2010, la Monuc (mission de maintien de la paix des Nations unies en RDC) a été éclaboussée par plusieurs scandales impliquant ses personnels, civils et militaires.

En février 2005, l'ONU a décidé d'interdire aux Casques bleus d'avoir des relations sexuelles avec des Congolais après la révélations d'abus sexuels sur des filles de 13 ans.

Quelques jours plus tard, le Maroc annoncait des poursuites judiciaires contre six de ses soldats membres de la Monuc impliqués dans des violences sexuelles sur mineures.

L'affaire la plus retentissante a eu lieu en septembre 2005, quand 120 policiers nigérians de la Monuc ont été renvoyés dans leur pays, certains soupçonnés de harcèlement sexuel sur des Congolaises.

 

- Côte d'Ivoire -

Le 2 septembre 2011, l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci, close en juin 2017) exprime ses "regrets les plus profonds" après des accusations contre les Casques bleus.

Fin mai 2008, l'Onuci ouvre une enquête interne sur un viol présumé d'une Ivoirienne de 12 ans par dix Casques bleus, révélé par l'ONG Save the Children.

En juillet 2007, l'Onuci fait état d'abus avérés commis par des Casques bleus marocains à Bouaké (centre), accusés notamment de relations sexuelles avec des mineurs, après une enquête interne préliminaire, première du genre depuis son déploiement en 2004.

 

- Soudan -

En janvier 2007, le quotidien britannique Daily Telegraph s'appuyant sur un rapport de l'Unicef annonce que des membres du personnel de l'ONU et des Casques bleus au sud Soudan sont accusés d'abus sexuels sur des centaines d'enfants, parfois âgés de seulement 12 ans.

Le gouvernement soudanais aurait également, selon le journal, collecté des preuves, dont une vidéo montrant des soldats bangladais ayant des relations sexuelles avec trois jeunes filles.

 

- Haïti -

Durant le déploiement de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah, 2004-2017), des organisations de la société civile et les autorités haïtiennes ont régulièrement dénoncé des abus sexuels par des militaires onusiens.

Le 23 janvier 2012, l'ONU ouvre une enquête sur deux cas d'agressions sexuelles à Port-au-Prince et Gonaïves sur des enfants par des policiers de la Minustah à la nationalité non précisée.

En septembre 2011, des images du viol d'un Haïtien de 18 ans par six soldats uruguayens sont diffusées sur Internet. Cinq des soldats seront emprisonnés.

Le 2 novembre 2007, l'Onu annonce le rapatriement de 108 Casques bleus sri-lankais ayant offert de la nourriture à de jeunes garçons et filles, en échange de faveurs sexuelles.

ACTUALITE.CD avec AFP