Pollution des rivières congolaises : la commission épiscopale pour les ressources naturelles du diocèse de Luebo alerte sur la pollution de trois autres rivières au Kasaï

Rivière Tshikapa
Rivière Tshikapa/Ph. droits tiers

La commission épiscopale pour les ressources naturelles (CERN) du diocèse de Luebo au  Kasaï tire la sonnette d'alarme sur la pollution de trois autres rivières dans la province du Kasaï, au centre de la RDC.

C'est son directeur diocésain et curé de la paroisse Saint Gabriel de Kamako, l'abbé Trudon Keshilemba qui l'a dit à ACTUALITE.CD.

« Trois rivières ont été polluées avant la rivière Tshikapa. La première est la rivière Tshihumbue qui passe à côté de la ville angolaise de Fukauma. Cette ville abrite plusieurs sociétés d'exploitation de diamant dont la plus importante est celle appartenant au sujet américain du nom de  Cameron. Cette rivière a connu une pollution sans précédent en mars et avril avec le changement de coloration et la mort des animaux aquatiques », indique l'abbé Keshilemba qui précise que la  rivière Tshihimbue  traverse plusieurs localités congolaises au sud notamment Kabuakala, Kabungu, Nsumbula, Mudiadia et se jette dans la rivière Lumbembe.

« Jusqu'à ce jour, l'eau de cette rivière est très sale. En amont, cette rivière est plusieurs fois déviée de son lit pour y exploiter du diamant. Beaucoup de déchets sont jetés dans cette rivière qui commence à développer une grande épaisseur de boues en aval. Il y a un risque qu'elle sèche un jour », craint-il.

La deuxième rivière polluée selon le directeur de la CERN est Lumbembe que les angolais appellent Luembe.

« Cette rivière passe non loin de la ville angolaise de Zagi dans la municipalité de Cambulo. Il y  a une grande mine Chitolotolo qui y déverse des déchets. C'est la compagnie Indiama appartenant au gouvernement angolais qui exploite. Depuis plusieurs années, cette rivière est polluée sans que les congolais ne puissent se rendre compte. Pour preuve, il n'y a plus de poissons dans cette rivière ».

Enfin, c'est la rivière Luangachimo, Luacimo selon les angolais. Cette rivière, selon l'abbé Keshilembe,  est également polluée.

« Cette rivière  subit régulièrement le déversement  des déchets de l'hôpital général provincial de Dundo (Angola). Des substances solubles et insolubles sont visibles tout le long de cette rivière qui passe par les localités de Kamako et Kamonia. Elle se jette dans la rivière Kasaï à partir de la mission catholique Mayi Munene, 50 Km au nord de la ville de Tshikapa ».

Jusque-là seules les rivières Kasaï et Tshikapa sont officiellement reconnues polluées. La société minière Catoka basée en Angola a reconnu être à la base de cette situation à la suite des fuites de son usine mais elle a minimisé l’impact de sur les populations riveraines.

Pour l’abbé  Keshilembe, qui est en même point focal du réseau ecclésial pour la protection du bassin du Congo (REBAC), une structure qui regroupe 12 pays d'Afrique Centrale, il est important que des analyses approfondies soient réalisées sur l'eau de la Regideso que consomme la population de la ville de Tshikapa étant donné que toutes les rivières précitées se trouvent en amont de la rivière Tshikapa.

L'abbé Trudon Keshilemba affirme avoir saisi depuis plusieurs jours les autorités mais sans suite.

Sosthène Kambidi