RDC-résolution des conflits à l’Est : des organisations féminines mobilisent différentes parties prenantes 

RDC : des organisations féminines mobilisent différentes parties prenantes pour la résolution pacifique des conflits à l’Est
Atelier au cours duquel des organisations féminines mobilisent pour la résolution des conflits à l’Est

Le Cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO) et l’Union congolaise des femmes des médias (UCOFEM) ont procédé ce 20 août à la clôture de l’atelier national sur l’implication des différentes parties prenantes dans la recherche, la prévention et la gestion des conflits et la lutte contre les VBG en RDC. Des nouvelles recommandations ont été faites aux autorités. 


Il s’agit du second atelier, après celui qui s'est déroulé au mois de mars. Parmi les types des conflits identifiés lors des précédentes assises, il y avait notamment les conflits intercommunautaires entre les Twa et Bantous dans le Tanganyika.

Entre le mois de mars et celui d’août, plusieurs initiatives ont été mises en œuvre par ces organisations féminines pour harmoniser les relations entre les femmes Twa et Bantoues. 


« A Manono, une action d’envergure a été menée afin de mécaniser les enseignants twa des écoles publiques. A Nyunzu, des champs communautaires ont été organisés impliquant les twas et les bantous. Le pont Lualaba a été réhabilité, avec une main-d’œuvre Twa et Bantoue grâce au groupe d’alerte précoce de Kongolo,» rapporte Mimi Mopunga, membre de Cafco. 

 

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En mai, l'État de siège a été déclaré dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Les organisations ont dû faire une pause pour comprendre la politique du gouvernement à travers cette opération avant de poursuivre leurs activités. Deux délégués des provinces concernées par l’Etat de siège (Marie-Yvette Musafiri pour le compte de l’Ituri et Florence Kavira pour le Nord-Kivu) notent que « des progrès significatifs ont été enregistrés en termes de sécurité, car certains villages ont été récupérés par les Forces Armées congolaises. Cependant, les tueries se poursuivent et inquiètent la population. Elles ont appelé les autorités à renforcer la proximité et la collaboration avec la population pour faire réussir l'État de siège» a ajouté Mme Mopunga. 


Lutter contre des nouveaux phénomènes sociaux


En ce qui concerne la lutte contre les violences basées sur le genre, les membres de ces deux organisations prévoient notamment des rencontres avec la ministre du genre Gisèle Ndaya pour sécuriser les femmes victimes d’accusation de sorcellerie ainsi que leurs familles au Sud-Kivu. 


« Il y a un problème qui prend de l’ampleur dans notre province. Les femmes du troisième âge et les petites filles sont régulièrement accusées d’être sorcières. C’est sur elles que sont rejetés tous les malheurs qui s’abattent sur la ville. Elles sont victimes de lynchage, elles sont brulées vives, leurs maisons sont incendiées et les enfants sont dispersés. Nous avons pu recenser 40 cas en tout,» explique Nelly Adidja, déléguée du Sud-Kivu. 


Au-delà d’une audience au ministère du genre, famille et enfant, une recommandation a été faite au ministre des droits humains pour la protection des femmes et des filles victimes de ces accusations. Une autre recommandation a été faite à la ministre de la justice pour se pencher sur l’organisation d'audiences foraines qui serviront d’exemple au reste de la population. « Si les autorités ne trouvent aucune solution à ce phénomène, nous risquons d’assister à un cycle de violences» a-t-elle souligné. 


Marie Yvette Musafiri originaire de la province de l'Ituri a également fait savoir que  nombreux sont les enfants  qui circulent dans les rues pour mendier. « Nous voyons tous les jours des enfants dans nos rues. Ce phénomène est appelé « Nipatiye 100Fc », donnes-moi 100 Fc en swhahili. Certains parents attachent des petits sacs autour du cou des enfants. Ils parcourent la ville pour mendier. Quel sera l’avenir de ces enfants ? Que deviendront-ils sans l’intervention de l’Etat pour stopper ce phénomène ?» s’est-elle interrogée. 


Par ailleurs, le ministre des droits humains Albert-Fabrice Puela et la ministre d’Etat, de la Justice et Garde des Sceaux, Rose Mutombo avaient promis de s’impliquer pour que justice soit rendu aux victimes des différentes violations de droits de l’homme mais aussi d’organiser des descentes sur terrain pour palper du doigt les réalités. Le plaidoyer va se poursuivre avec les autres ministères impliqués dans cette lutte. 


Pour rappel, des membres de la Société civile du Nord et Sud-Kivu, du Tanganyika et de l’Ituri, des délégués des ministères de l’Intérieur, de la Défense et anciens combattants, de la Justice et Garde des Sceaux, du genre, famille et Enfant, des Affaires foncières, des droits humains et d’autres participants ont pris part à ces assises organisées en partenariat avec Internews et l’appui technique de DFID.

Prisca Lokale