Etat de siège au Nord-Kivu : les multiples redditions des combattants face au défi de prise en charge en attendant le programme DDR-CS

Le gouverneur militaire du Nord-Kivu et sa délégation recevant les armes rendues par les miliciens à Kitshanga/Ph ACTUALITE.CD

Depuis l’instauration de l’état de siège en mai dernier, au moins 496 combattants se sont déjà rendus aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans la province du Nord-Kivu. Ces miliciens qui se sont rendus dans les territoires de Masisi et de Rutshuru ont remis aux autorités militaires 303 armes, tout calibre confondu. Ils sont actuellement cantonnés, les uns, à Mubambiro, à plus ou moins 15 Km de Goma, dans le territoire de Masisi et d'autres à Rumangabo, non loin d'un camp militaire, à 55 Km de Goma, dans le territoire de Rutshuru en attendant la mise en place du programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (DDR-CS).

Le programme DDR-CS se fait attendre depuis longtemps. Le Chef de l’Etat a récemment signé l’ordonnance de sa création, mais ses animateurs ne sont toujours pas désignés. Ce  programme est censé permettre aux anciens combattants de choisir entre la réinsertion dans la vie civile et l’intégration au sein des forces de défense et de sécurité, suivant les critères requis.

Ces multiples redditions dans les rangs des groupes armés sont saluées par la société civile notamment dans le territoire de Masisi.

« Ces redditions progressives des éléments des groupes armés impactent très positivement sur la démarche de l’état de siège qui est celle de restaurer la paix et la sécurité dans le territoire de Masisi et dans toute la province du Nord-Kivu, en général », se réjouit Télesphore Mitondeke, rapporteur général de la société civile de Masisi.

Obligation de la mise en place du programme DDR-CS

« Il faudrait que le Chef de l’État mette en place tous les moyens nécessaires, c’est-à-dire, équiper toutes les autorités territoriales militaires déployées dans la zone, équiper tous les services étatiques mais aussi réfléchir sur l'accélération de la mise en œuvre du programme DDR-CS pour la prise en charge de ces rendus et cela pourra encourager le reste parce qu'en brousse, il y en a encore. Pour que ces éléments qui traînaient encore en brousse puissent aussi adhérer à ce processus tel que viennent de le manifester ceux qui se sont rendus, sans passer par le fait de verser le sang des congolais », explique M. Mitondeke.

Début juillet 2021, une centaine de rendus cantonnés au centre de transit de Mubambiro avait manifesté contre les mauvaises conditions dans lesquelles ils vivent depuis 2018. C’était après la mort d’un des leurs à cause de la faim.

L'assurance de l'armée

De son retour de Kitshanga dans le territoire de Masisi, le 14 juillet 2021, où il était allé accueillir plus de 70 miliciens du groupe armé alliance des nationalistes congolais pour la défense des droits humains (ANCDH), le gouverneur militaire, le lieutenant général Constant Ndima avait fait escale à Mubambiro pour s’imprégner des conditions de vie des ex-combattants. Il avait tour à tour visité leur dépôt de vivres, le dortoir et les installations sanitaires. L'autorité provinciale avait même promis d’apporter une aide aux rendus.

« Vous êtes sans oublier que l'ordonnance portant création du DDR-CS a déjà été signée par le commandant suprême. Voilà de quoi rassurer nos jeunes frères qui se sont égarés. Aujourd’hui, ils viennent de répondre à l'appel du commandant suprême. (…) Nous les rassurons que l'ordonnance du Chef de l’État a déjà été signée et la structure DDR-CS est déjà en marche et que la prise en charge n'aura pas des problèmes. La matérialisation de la volonté du Chef de l’État est un impératif pour le secteur opérationnel Sokola 2 Nord-Kivu», rassure le major Njike Kaiko Guillaume, porte-parole de la 34e région militaire.

Ce n’est pas la première fois que des miliciens se rendent en grand nombre dans cette partie du pays. En 2019, après l’accession de Félix Tshisekedi au pouvoir, plusieurs centaines de miliciens avaient quitté les différents maquis pour répondre à son appel à pacifier le pays. Mais à cause du manque de la politique en la matière, tous ces miliciens avaient regagné la brousse. C’est donc une nouvelle campagne qui commence et qui, selon plusieurs observateurs, ne doit pas subir le même sort.

Pour mettre fin à l'activité des groupes armés, les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri ont été placées en état de siège depuis le 6 mai par le président Félix Tshisekedi, qui a notamment nommé des officiers de l'armée et de la police pour remplacer les autorités civiles.

Jonathan Kombi, à Goma