RDC : le gouvernement et World Vision s’associent pour lutter contre l'augmentation tragique du travail des enfants

Ph. ACTUALITE.CD

Le monde célèbre, ce samedi 12 juin, la journée mondiale contre le travail des enfants. La célébration a pour thème, en cette année 2021,« Joindre nos forces au niveau mondial pour supprimer le travail forcé, mettre fin à l'esclavage moderne et à la traite d'être humains et abolir le travail des enfants ». En RDC, une activité commémorative était organisée à l'hôtel Memling à Kinshasa entre le gouvernement et l’organisation internationale World Vision. 

Devant les acteurs et organisations oeuvrant dans le secteur de l'emploi en RDC, la ministre de l'emploi, travail et prévoyance sociale, Claudine Ndusi N'kembe a rappelé que pour faire face à ce fléau, le gouvernement de la RDC a adopté une approche globale de lutte contre le travail des enfants.

« C'est ici le lieu de vous informer que depuis ma prise de fonction au ministère de l'emploi, travail et prévoyance sociale, j'ai pris l'engagement de renforcer la capacité technique des structures concernées par la lutte contre le travail des enfants en retenant les priorités ci-après par axe stratégique à savoir : • l'axe de l'amélioration du cadre juridique qui va consister à renforcer la législation nationale pour l'élimination des pires formes de travail des enfants en veillant sur la vulgarisation et son application effective, • l'axe de sensibilisation et de mobilisation sociale permettant de mener des actions de sensibilisation et de mobilisation de la communauté nationale à prendre conscience sur la nécessité de protéger les enfants contre toutes formes d'exploitations et principalement contre les pires formes de travail des enfants, • l'axe de l'éducation afin d'accélérer la gratuité de l'éducation de qualité au niveau primaire pour tous les enfants, améliorer les opportunités de scolarisation jusqu'à l'âge minimum d'accès à l'emploi et rendre le système éducatif accessible et alternatif pour toutes les filles et garçons, • l'axe de lutter contre la vulnérabilité socioéconomique consiste à accroître et à renforcer le processus d'autonomisation des ménages et des possibilités d'augmentation de leurs revenus en vue de réduire la pauvreté et la précarité, • l'axe de la protection et prise en charge consistant à mettre en place des mécanismes institutionnels adéquats et mesures efficaces de prévention, de soustraction et de protection des enfants des pires formes de travail et des travaux dangereux », a-t-elle déclaré au cours de cette activité.

Claudine Ndusi N'kembe a évoqué quelques programmes et projets exécutés avec les partenaires nationaux et internationaux en vue de lutter contre le travail des enfants.

« Il s'agit notamment : du projet d'appui au bien-être alternatif des enfants et jeunes impliqués dans la chaîne d'approvisionnement du cobalt en cours d'exécution dans la province de Lualaba, il cible 14 850 enfants et 6200 parents pour une période de 5 ans allant de 2019 à 2024, du projet pour combattre le travail des enfants dans les chaînes d'approvisionnement de cobalt en RDC en cours d'exécution dans les provinces du Haut Katanga et Lualaba, de la campagne de lutte contre l'exploitation des pires formes de travail des enfants 2018-2023 mené par World Vision », a expliqué la patronne de l'emploi, Travail et prévoyance sociale.

Elle a rappelé l'urgence de se doter d'un nouveau plan d'action pour la période 2022 - 2030 afin d'atteindre l'objectif, celui de lutter contre le travail des enfants.

« Le plan d'action national 2012 - 2020 est arrivé à son terme et son évaluation s'impose, la formulation du nouveau plan d'action national pour la période 2022 - 2030 est une nécessité pour la poursuite de l'action visant l'atteinte de l'objectif lié à la cible 8 et 7. Notre pays a adhéré à cette alliance le 28 octobre 2020 au titre de pays pionniers et le processus est en cours. Ainsi, la journée du 16 juin commémorant la journée de l'enfant africain en mémoire du massacre de Soweto est retenue au niveau national pour lancer l’engagement de la RDC dans le cadre de la résolution de l'Assemblée générale des Nations-Unies adoptée à l'unanimité déclarant l'année 2021 année internationale pour l'élimination du travail des enfants tout en désignant l'OIT comme leader de sa mise en œuvre. Notre vœu le plus cher en ce jour mémorable est de joindre nos efforts pour que l'intérêt supérieur de l'enfant congolais soit au centre de notre action commune », a indiqué Claudine Ndusi N'kembe.

Selon le Rapport conjoint de l’OIT et de l’Unicef publié le 10 juin 2021, l’Afrique figure au premier rang des régions à la fois en termes de prévalence (soit 1/5) et de nombre absolu (72 millions) d’enfants astreints au travail des enfants.

Le rapport note une hausse significative du nombre d’enfants âgés de 5 à 17 ans qui effectuent des travaux dangereux définis comme un travail susceptible de nuire à leur santé, leur sécurité ou leur développement moral – a augmenté de 6,5 millions depuis 2016 pour atteindre 79 millions.

« Les enfants paient le prix du COVID-19. Il s'agit de la première augmentation du travail des enfants en plus de 20 ans, et il n'y a tout simplement aucune excuse pour cela au 21e siècle », a martelé Farida Eliaka, Directrice de Plaidoyer et Communications de World Vision.

A

World Vision recommande que :

• Le Gouvernement de la R.D.C augmente le financement pour mettre fin à la violence contre les enfants, renforcer les systèmes de protection sociale et garantir un accès équitable à une éducation sûre et de qualité pour les filles et les garçons ;

• Le Ministère de l’Emploi, Travail et Prévoyance Sociale ainsi que les entreprises promeuvent le travail décent dans leurs opérations et leurs chaînes d'approvisionnement, et prendre les mesures nécessaires pour prévenir et lutter contre le travail des enfants ;

• La société civile continue à surveiller les tendances, à soutenir les victimes du travail des enfants et à demander des comptes aux gouvernements et au secteur privé.

Au nom des enfants, Apocalypse Konyi Tshibunda de l'organisation Enfants et Jeunes Travailleurs, demande une forte implication des autorités  et partenaires techniques et financiers à la vulgarisation des lois relatives à la protection de l'enfant.

« Nous demandons l'amélioration des conditions de vies des parents pour éviter le travail des enfants ; nous condamnons avec dernière énergie les exploitants des enfants ; nous demandons de rendre la cause des enfants primordiale lors  de prise des décisions et privilégier à tout prix l'intérêt supérieur des enfants », a-t-il dit dans leur déclaration.

L'organisation internationale World Vision est un partenaire du gouvernement congolais qui place les enfants au centre de tout travail pour transformer les communautés pour de bon. Elle donne aux enfants les moyens de connaître leurs droits et de travailler avec leurs parents et leurs communautés pur veiller à ce que les enfants soient protégés et que leur avenir ne soit pas volé par l'exploitation par le travail.

Clément MUAMBA