Bintou Keita à Beni : "Ceux qui utilisent la colère de la population pour demander le départ de la MONUSCO doivent suivre la procédure, et non une manifestation violente"

Bintou Keita, Cheffe de la Monusco/Ph ACTUALITE.CD

Profitant de sa visite à Béni (Nord-Kivu), la Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU en RDC et cheffe de la MONUSCO s'est exprimée sur les manifestations contre la MONUSCO qui s'observent depuis plus d'une semaine à Beni et Butembo.

Au cours d'une conférence de presse ténue ce jeudi 15 avril au quartier général de la Mission onusienne à Beni, Bintou Keita a indiqué que ce n'est pas une manifestation violente qui fera partir la MONUSCO. La cheffe de la MONUSCO pense qu'il y a une main noire derrière la colère de la population, et rappelle la procédure qui doit être enclenchée avec les autorités congolaises pour obtenir le départ de la MONUSCO.

"On peut partir, il y a une procédure qui est enclenchée avec les autorités pour faire ces genres de choses. Ce n'est une manifestation violente qui va amener à un départ de la MONUSCO.  La population elle est en colère et elle a le droit d'être en colère. Ceux qui utilisent la colère de la population pour demander le départ de la MONUSCO, il faudra que ça soit fait dans un contexte, en suivant des procédures bien spécifiques pour arriver à le faire. Chasser c'est facile à faire mais il vaut mieux utiliser une procédure de dialogue où il y a un concessus sur l'état de lieu de manière à pouvoir partir" insiste Bintou Keita, numéro un de la MONUSCO.

Son message adressé à la population de Beni arrive alors que la tension est toujours vive dans région. Au moins 4 personnes ont péri dans différentes manifestations exigeant le départ de la MONUSCO depuis lundi 5 avril.

"Le droit à la manifestation est un droit. L'appel à la violence, l'utilisation de la violence, la destruction d'infrastructures, enlever le droit des enfants d'aller à l'école, faire fermer des boutiques ce sont des pertes énormes. La coexistence des droits, le droit à manifester de façon pacifique, le droit des autres d'aller à l'école, le droit à la santé, le droit d'être secouru lorsque on a eu un problème c'est aussi le droit. La coexistence des droits elle est fondamentale" note Bintou Keita.

C'est depuis lundi 5 avril que les manifestations contre la MONUSCO s'observent à Beni et Butembo, sur mot d'ordre d'une coalition d'une dizaine d'associations de la société civile, dont les groupes de pression Veranda Mutsanga et le mouvement citoyen Lucha. Depuis le début de cette action, 5 personnes ont été tuées dans différentes émeutes et plusieurs autres interpellées. Le dernier cas s'est produit ce jeudi dans la cité d'Oicha. Un jeune a été tué par balle.

Yassin Kombi