Les femmes évoluant dans le secteur du droit en République Démocratique du Congo ne sont pas très nombreuses. Jusqu’en 2020, les statistiques des femmes magistrats dans ce secteur faisait état d’environ 500 sur les 3.700, sans compter les juges et les avocats. Quelle en est la cause ? Tentative de réponse dans les rues de Kinshasa.
« Je pense que le problème se situe au niveau de la promotion des compétences féminines. Peut-être que lorsque ces femmes étaient plus jeunes, elles désiraient poursuivre leur carrière en droit jusqu’à occuper des hautes fonctions. Mais, plus elles avancent plus elles rencontrent des obstacles. La plupart abandonnent leurs rêves », dit Emmanuel, ajusteur rencontré près de l’avenue des huileries.
Poursuivant ses propos, il s’interroge, « Combien a-t-on des femmes magistrates en RDC ? Combien y-a-t-il d’hommes ? Combien de juges pour les deux sexes ? L’appareil judiciaire, devrait développer des mécanismes pour sauver ces rêves des femmes. »
En ce qui concernent les compétences des femmes, Audrey Bapendi, jeune femme entrepreneure, estime qu’elles ne sont pas mises en valeurs. « C’est l’une des choses qui révèlent la situation des femmes en RDC. Dans plusieurs secteurs, les femmes sont reléguées à des postes d’exécution, de subalternes. Il y a des femmes avocates en RDC mais peu d’entre elles parviennent à percer jusqu’à occuper des postes de prise des décisions. C’est seulement en 2020 qu’une femme a été promue membre de la Cour Constitutionnelle. Doit-on dire que les compétences manquent ? » s’interroge-t-elle avant de répondre, « Non ! C’est la volonté de changer les choses qui manque »
Briller sans un apport extérieur
Si les femmes ne sont pas très nombreuses ou ne sont pas très promues, c’est aussi parce qu’elles-mêmes ne fournissent pas assez d’efforts. C’est du moins ce que pensent Hendriquer, Jean-Marc et Pauline.
« Il y a aussi des femmes dans ce secteur. Mais, elles ne sont pas très connues. Elles devaient faire parler d’elles », dit Hendriquer Matumona. A Jean-Marc de donner un exemple concret, « J’ai une sœur avocate. Si elle a commencé à participer à différents procès et les gagner aussi, c’est parce qu’elle a d’abord cru en elle et en son talent. Parfois le milieu professionnel congolais ne permet pas aux femmes d’éclore mais, elles doivent persévérer, ne pas lâcher, qui veut peut », soutient le jeune-homme.
Pour paraphraser, Pauline Niambula, agent de la fonction publique ajoute, « Il y a aujourd’hui des nombreux procès à Kinshasa, tantôt sur le viol sur mineurs, tantôt sur les femmes adultes. Je vois de plus en plus de femmes juristes participer à ces procès. L’un des objectifs, c’est également de se faire connaitre du grand public. Nous connaissons aujourd’hui la greffière du procès des 100 jours pour sa lecture pendant plusieurs heures. Nous connaissons Maitre Arlette Odia pour son intervention dans le dossier Sammih Jamal, Fidèle Kanyinda pour la petite fille de Révérend Kim » dit-elle. Et d’ajouter, « les femmes doivent oser briller dans ce secteur sans un apport extérieur ».
Faire la promotion de celles qui se distinguent pour encourager
Pour conclure Eugenie Kalume a donné une proposition. « Je pense que celles qui existent dans ce secteur et qui font preuve de compétences devraient être promues à des postes supérieures. Cela encouragerait les générations futures à s’engager dans ce domaine et à travailler aussi durement », a-t-elle proposé.
Prisca Lokale