« Leadership féminin d’excellence, pour une société égalitaire et numérique à l’ère de la Covid-19 », c’est sous ce thème que la RDC célèbre la journée internationale des droits des femmes. Le contexte sanitaire a paralysé la plupart d’activités et cérémonies liées au 08 mars. Dans les rues, des Kinoises livrent leurs points de vue au sujet du thème de cette année.
Pour Aicha Mohamed, gérante d’une quincaillerie, le thème choisi par le ministère du genre, qui s’inspire du thème mondial, ramène sur la table les questions de compétences féminines. « La journée du 08 mars interpelle l’humanité sur les droits et le respect dus à la femme. Au-delà d’exiger la parité, les femmes doivent s’adapter aux nouvelles technologies d’information et de la communication, elles doivent être connectées au numérique, pour être utiles à elles-mêmes d’abord et à leur société par la suite. Les gouvernements du monde devraient aussi s’activer pour rendre cela possible,» conseille Mme Mohamed.
Dans le même ordre d’idées, Elisée Kahenga évoque l’épanouissement de la femme. « C’est un thème assez intéressant », s’exclame-t-elle. Et de poursuivre, « L’épanouissement de la femme inclut également le domaine du numérique. Quand j’étais plus jeune, les smartphones n’existaient pas. Je n’ai pas eu la chance de les utiliser à cette époque. En 2018, avec l’avènement des NTIC, j’ai acheté un téléphone Android. Je m’adapte à cet instrument. Pendant le confinement, je me suis rapprochée des membres de ma famille qui vivent à l’étranger, j’ai découvert des nouvelles choses et je pouvais suivre l’actualité internationale à partir de mon téléphone ».
Un thème qui honore les femmes en première ligne de la riposte contre Covid-19
« Nous sommes aujourd’hui dans une société où l’homme et la femme bâtissent ensemble », souligne Lamama Yema, bijoutière. Et d’ajouter, « Les crises politiques, économiques et même sanitaire nous ont prouvé que la femme a un rôle important à jouer dans sa société. Nous avons vu comment des femmes infirmières, des femmes politiques, des femmes commerçantes et maraichères ont été en première ligne pendant la pandémie pour nourrir leurs familles, mais aussi pour contribuer à la riposte. Je trouve que ce thème honore toutes ces femmes. »
Egalité des sexes en matière des sciences
Bâtir un monde égalitaire et numérique s’applique aussi dans le domaine des sciences exactes. Pour Marie-Madeleine, ce thème encourage les jeunes filles à s’engager dans les domaines autrefois réservés aux hommes. « Il y a quelques années en RDC, les femmes n’avaient pour place que dans le ménage, la cuisine principalement. Mais les temps ont évolué, la journée du 08 mars ne rime plus avec le port du pagne. La femme est beaucoup plus active, engagée dans le développement de sa communauté. Autant elle réussit dans son ménage, autant elle s’investit dans l’élévation d’une société égalitaire », dit Marie Madeleine Ntiki avant de relever les défis qui restent à franchir. « Les jeunes filles ont besoin de repères, et les femmes qui ont réussi dans ces domaines en RDC sont peu nombreuses. Elles doivent donc elles-mêmes se constituer en modèles pour les générations futures. Cela passe par une éducation de qualité, par des écoles fortes et beaucoup de rigueur. Elles doivent avoir de l’espace pour exprimer leur créativité » dit-elle.
A son tour, Charlène Omba, étudiante à l’Université Kimbanguiste rappelle la nécessité d’avoir une connexion internet à moindre cout pour permettre à toutes les couches sociales de s’adapter au numérique. « C’est bien de célébrer une telle journée avec un thème lié au numérique. Mais, il sera aussi important de travailler pour l’accès à une bonne qualité de l’internet en RDC. Tant que les crédits couteront très cher, la femme maraichère, la femme rurale ne pourra pas s’y adapter.»
Pour rappel, Le thème choisi au niveau international est « Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». L’accent est mis sur les efforts déployés par les femmes pour façonner un futur et une relance plus égalitaires suite à la pandémie de Covid-19.
Prisca Lokale