RDC: un atelier de Sarw à Kinshasa sur la promotion des femmes dans le secteur minier

Le ministre des Mines et les Femmes du secteur minier en RDC

Southern Africa Resource Watch (SARW) est une organisation non gouvernementale qui milite pour la promotion de la bonne gouvernance des ressources naturelles et lutte contre les inégalités, l'injustice et la pauvreté en veillant à ce que les industries extractives puissent contribuer à un développement durable des pays hôtes d’exploitation, à faire progresser les droits sociaux et économiques des citoyens, des communautés locales et à protéger l'environnement en Afrique australe. En dépit de l’existence de plusieurs compagnies, le secteur minier en RDC continue d’être un lieu des inégalités à l’égard des personnes vulnérables et des femmes. C’est dans ce sens que le projet femmes et mines en RDC a été conçu par SARW. Son objectif principal est d'assurer l'inclusion et l'équité entre les sexes dans l'industrie minière en RDC.

Dans la mise en œuvre de ce projet, un atelier a été organisé du 10 au 11 Février 2021 à Sultani Hôtel de Kinshasa, en collaboration avec Women in Mining (WIM/RDC) sous le thème « LA PRESENCE, LE ROLE ET LA REPONSABILITE DE LA FEMME DANS L’INDUSTRIE MINIERE ».

Cet atelier a été un espace des discussions où les femmes ont fait un état des lieux, sans complaisance, de leur participation dans la gestion du secteur minier congolais et ont formulé des recommandations au Gouvernement et aux compagnies pour la prise en compte effective des aspects du genre tant dans la législation minière que dans les politiques des entreprises minières.

Au cours de la cérémonie d’ouverture, les participants ont suivi le mot de bienvenue et le contexte de l’organisation de l’atelier du Directeur des programmes de SARW, le mot de la coordonnatrice nationale de WIM/RDC et l’allocution d’ouverture de son Excellence Monsieur le Ministre national des Mines.

Le Directeur des programmes de  SARW a rappelé la mission de son organisation qui est la promotion de la bonne gouvernance des ressources naturelles mais aussi de lutte contre les inégalités dont sont victimes les femmes. L’objectif principal de cet atelier est de contribuer à l'inclusion et l'équité entre les sexes dans l'industrie minière en RDC. Il a invité les femmes a discuté librement en partageant leurs expériences, à faire un état des lieux de leur participation dans la gestion du secteur extractif congolais et afin à formuler des recommandations au Gouvernement et aux compagnies pour la prise en compte effective des aspects du genre tant dans la législation minière que dans les politiques des entreprises.

Madame la Coordonnatrice de WIM a présenté brièvement la plateforme qu’elle coordonne et a invité les femmes à adhérer à cette organisation afin de constituer un grand réseau social d’échange d’information et des discussions de manière permanente sur des questions concernant l’épanouissement et l’égalité des chances dans l’industrie minière et  l’artisanat minier.

Dans son allocution d’ouverture, le Ministre National des Mines a considéré ces travaux comme un prélude à l’ouverture réel d’esprit des femmes à participer et à contribuer au développement du secteur minier congolais. Il a mis en exergue les efforts entrepris par le Gouvernement dans la prise en compte du Genre et de l’application du principe à compétence égale, la priorité est donnée à la femme.

Cinq (5) sessions plénières ont été organisées, dont une session introductive.

La session introductive a connu trois interventions. La première a été la présentation de la synthèse des rapports de consultance sur les femmes dans les mines dans la Province du Lualaba et des réponses aux questions que SARW a adressées aux compagnies minières. Il découle de ce rapport que le taux des femmes dans les entreprises minières est très faible et ne dépasse pas 5% des effectifs. En termes de politique de promotion du genre, il existe des initiatives dans quelques entreprises mais les défis à relever sont encore énormes. Les femmes de coopératives minières ont réalisés quelques progrès dans leur autonomisation mais elles font face au manque des zones d’exploitation artisanale (ZEA) viables. Quant aux femmes des sites artisanaux, elles sont victimes de nombreuses violences morales, physiques et économiques et certaines d’entre elles souhaitent s’orienter à des activités alternatives aux mines.

Les deux autres présentations ont consisté au partage des expériences de deux femmes évoluant respectivement dans les secteurs des hydrocarbures et des mines.

S’agissant de celle du secteur des hydrocarbures, Madame Yvonne Mbala, Directrice Générale Adjointe de PERENCO REP, une entreprise pétrolière localisée à Moanda, au Kongo Central, est économiste de formation et doit sa brillante carrière à la volonté de son père qui, dès le cercle familial, luttait contre la discrimination féminine et qui poussait ses filles à étudier pour devenir utile dans la société. Malgré plusieurs contraintes et défis dans son parcours, sa détermination et le sens de responsabilité dans le travail lui a permis de gravir les échelons jusqu’à être la première et la seule haut gradée de cette entreprise. Elle a invité les femmes à se former et à saisir les opportunités qui s’offrent à elles.

Pour celle du secteur des mines, Madame Yvette Mwanza, médecin de formation a retracé son parcours dans le secteur des mines, en commençant par la gestion d’un comptoir d’achat des minerais à l’entité de traitement et à sa désignation comme vice-présidente de la Fédération des entreprises congolaises (FEC) du Nord-Kivu. Elle a fait face à plusieurs défis dans sa carrière mais grâce à sa détermination à réussir, elle a surmonté tous ces défis  par le travail assidu et par l’honnêteté et par des formations complémentaires là où ses compétences étaient limitées.

Après ces échanges, il a été noté que trois  éléments principaux entrent en compte pour l’épanouissement de la  femme, il s’agit du cercle familial, de la détermination et de la formation.

A la suite de cette session introductive, il s’en était suivi quatre sessions de discussions sur des sous-thématiques différentes. La première session a été consacrée au profil et au rôle des femmes des entreprises minières et de la Chambre des Mines de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Les entreprises suivantes ont été représentées : il s’agit de TFM, KCC, Glencore, RASH et RASH SARL, ERG Africa, KICO SA, MMG, Gécamines, MIBA, KAMOA et MMR. Chacune d’entre elles a présenté son parcours dès la famille, les milieux scolaires et universitaires jusque dans sa profession actuelle au sein de son entreprise. De manière générale, les femmes sont encore très minoritaires dans les entreprises minières à tous les échelons. Suivant les statistiques, le pourcentage des femmes des entreprises minières est de  + 5%.

Il a été recommandé au peu des femmes qui sont dans les entreprises minières de bien vouloir jouer  le rôle de premier plan dans l’élaboration des politiques de promotion des femmes et dans leur mise en application notamment à veiller à la priorisation des femmes au moment du recrutement. Elles ont été aussi invitées à sensibiliser les jeunes filles à embrasser les filières scientifiques et militer pour les droits des femmes des communautés locales.

Les sessions 2, 3 et 4 ont été fusionnées et ont porté respectivement sur le profil et le rôle des femmes des coopératives minières, celles œuvrant sur les sites miniers artisanaux ainsi que celles de professions libérales, en l’occurrence les mandataires en mines. Chacune des femmes s’est exprimée sur son parcours et sa situation actuelle en relevant les défis à relever et les succès engrangés. Pour les femmes des coopératives minières, l’un des grands défis demeure le manque des ZEA. Elles ont recommandé au Gouvernement d’ériger des ZEA viables en leur faveur. 

Les femmes de l’administration des Mines sont aussi minoritaires mais ne connaissent pas de problèmes étant donné qu’elles sont régies par le statut de la fonction publique. Le recrutement est organisé par le Ministre de la Fonction publique et les échelons sont gravis en fonction de vacances de postes. Il a été signalé qu’il existe des femmes qui occupent les postes décisionnels mais leur nombre reste très faible.

La femme mandataire en mines a également retracé son parcours en martelant sur sa détermination, le coaching dont elle a été bénéficiaire, les défis et les succès de son travail. Les femmes sont aussi minoritaires et ne dépassant pas quinze sur les soixante-huit mandataires agréés  par le Ministère des Mines. 

 

Les travaux en ateliers ont porté sur les sous-thématiques suivantes : 

  • L’analyse des défis relatifs au rôle et à la responsabilité des femmes dans le secteur minier ; 
  • L’analyse des défis liés au genre dans la législation minière et dans les politiques des compagnies minières.

Il découle de travaux en plénière et en ateliers, une vingtaine de recommandations dont les principales sont les suivantes :

Aux entreprises minières

  • L’élaboration des politiques de promotion du genre conformément aux instruments juridiques internationaux et à la législation congolaise notamment en créant un poste pour veiller aux questions spécifiques au genre dans l’entreprise ;
  • L’application du principe de la parité dans la politique d’embauche, dans l’évolution de la carrière en uniformisant les avantages sociaux et le transfert des compétences en les agents hommes et femmes ; 
  • L’application de la politique tolérance zéro à l’égard des discriminations contre les femmes et les violences sexuelles ;
  • L’octroi des bourses d’études aux jeunes pour embrasser les filières scientifiques et techniques et l’organisation des journées portes ouvertes pour permettre aux filles d’accéder à l’information dans les entreprises minières.

Au Gouvernement

  • La mise en place d’une commission de suivi au sein de l’Inspection générale du travail et le Ministère du genre pour contrôler le respect de la mise œuvre effective des dispositions légales et réglementaires relatives aux conditions de travail des femmes dans les entreprises minières ; 
  • Le renforcement des structures d’encadrement pour la conversion des femmes des sites miniers vers des activités économiques alternatives ;
  • L’insertion dans le programme scolaire le cours sur la masculinité positive et l’égalité de genre ;
  • L’obtention d’une affectation d’une quotité des frais perçus en rémunération des services rendus par le SAEMAPE à l’encadrement et l’assistance des femmes de la mine artisanale  et de petite mine.

Aux ONG Internationales

  • La collaboration avec les ONG locales qui sont réellement sur terrain dans les efforts d’amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants des sites artisanaux ;
  • La mobilisation des fonds au profit des ONG locales pour renforcer leurs activités relatives aux droits des femmes et des enfants dans le secteur minier