CHRONIQUE  LITTERAIRE DU PROF YOKA : «  Transhumances  et  migrations  politiques »

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Confidences du chauffeur du Ministre

T.r.a.n.s.h.u.m.a.n.c.e. « Transhumance ».  J’ai pris du temps pour comprendre ce mot en vogue. Grâce au cousin « sang-pour-sang » de mon patron le Ministre des Affaires Stratégiques et Tactiques, grâce à ce cousin professeurrrr (on roule par respect  la dernière syllabe…),  j’ai  compris finalement que « transhumance » était le nouveau sport favori, le nouveau tourisme favori de la classe politique congolaise. Je n’ai compris les règles du jeu de la « transhumance » qu’avant-hier, lorsque notre Ministre a convoqué une réunion « stratégique et tactique » en sa résidence. Ordre du jour : « Evaluation  des dynamiques politiques actuelles ».  Le Ministre a donc  stratégiquement  évité le terme de « transhumances  » (qu’il déteste), le remplaçant tactiquement par le  pluriel de « dynamiques »…

Etaient présents à la réunion : le Ministre, l’épouse du Ministre, le professeurrrr cousin du Ministre, la secrétaire particulière du Ministre, et le chauffeur du Ministre. Elle était simple la préoccupation de notre Ministre, à savoir : où, quand, comment, pourquoi, avec qui, avec quoi se positionner ?

Donc   mini-table ronde sous la paillote de la résidence ministérielle, et circulation profuse de la parole. La parole au  professeurrrr  d’abord.  «  Pour moi, disait-il, la politique est dynamique. Changer d’avis, changer de camp n’est pas une question d’idéologie ni  d’éthique ; c’est une question d’hygiène et d’oxygène, comme changer de linge, comme changer d’air… »   Silence.

La cause était entendue, et   d’ailleurs  soutenue par l’épouse du Ministre ; l’épouse  a renchéri : « Mbisi elandaka kaka mayi ezo tiola », le poisson ne vogue à l’aise que vers les affluents et les confluents du fleuve les plus fournis et les plus porteurs ».  Silence.

La parole à la secrétaire particulière ; elle a dit : «  Nous connaissons tous cette légende  populaire de chez nous, celle du caméléon : à force de changer de couleur à temps et à contretemps en fonction de l’ambiance environnante, le caméléon avait risqué, un jour de mauvaise saison, de perdre définitivement tout l’assortiment et toute la palette magiques de ses coloris en réserve ; le caméléon  avait  risqué d’être réduit en zombi ».  Silence.

Au tour de moi,   chauffeur du Ministre. J’ai respectueusement   renoncé   à mon tour de parole. En mon for intérieur en effet, je me suis  rappelé cette sagesse de mon grand-père : « Tous les silences ne font pas le même bruit ; tous les bruits ne font pas le même silence »…

 

( YOKA lye)

17-01-2021