Dans un communiqué publié le 23 décembre, le coordonnateur humanitaire appelle à poursuivre la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels en RDC. Cette nouvelle déclaration, après celle du 13 octobre, fait suite au rapport d’une mission du comité permanent inter-organisations au sujet des cas de violences faites aux femmes dénoncés par l’ONG The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters.
En effet, du 20 octobre au 14 novembre 2020, le Comité permanent inter-organisations (IASC, l’instance mondiale de coordination humanitaire), a déployé une mission en RDC, afin de mieux comprendre pourquoi, malgré les efforts existants, les abus sexuels ont pu avoir lieu. La mission a partagé son rapport avec l’équipe humanitaire pays et les représentants des organisations humanitaires en RDC.
La mission du IASC a constaté qu'un important apport monétaire ainsi qu’une main-d'œuvre masculine disproportionnée et extérieure aux communautés locales avaient augmenté les risques d’inconduite, y compris d’exploitation et abus sexuels (EAS). Elle a également constaté le manque de mécanismes, facilement accessibles et sécurisés, pour signaler les abus dans le cadre de la riposte à l’épidémie d’Ebola.
Les Nations Unies ont annoncé le lancement d’enquêtes sur les allégations spécifiques qui ont été reçues, dont une commission d'enquête indépendante qui sera menée par l’OMS.
Le rapport de la mission IASC a également recommandé des changements systémiques pour renforcer les efforts de l’équipe humanitaire pays pour mettre fin à l’exploitation et aux abus sexuels. Le secrétaire-général a une politique de tolérance zéro vis-à-vis de ces agissements, et une investigation approfondie sera menée pour toute allégation concernant le personnel, national et international, des Nations Unies. Si la personne est jugée coupable, elle sera punie conformément aux règles administratives et aux lois nationales.
Quatre recommandations de l’IASC
1. la revue des mécanismes de plainte afin de s'assurer que les bénéficiaires et le personnel qui souhaitent signaler des abus puissent le faire effectivement et en toute sécurité
2. Une surveillance accrue des procédures de recrutement - y compris la diligence requise et les vérifications sur les antécédents lors du recrutement du personnel, ainsi que le déploiement des chargés de protection contre les EAS dans les zones à haut risque.
3. Un appui plus soutenu et spécifique pour prévenir l'exploitation et les abus sexuels, y compris l'allocation de fonds pour sensibiliser la communauté aux EAS et aux moyens de signaler les abus.
4. Le soutien aux autorités nationales afin de demander des comptes aux auteurs de ces faits
Selon le communiqué publié par le bureau humanitaire en RDC, « OCHA examine maintenant attentivement ces recommandations et travaille au renforcement des mesures de prévention, et se donne le devoir de restaurer la confiance. L'exploitation et les abus sexuels commis sur les personnes que nous sommes censés servir ne peuvent être tolérés ».
Pour rappel, le rapport d’une enquête menée par L’ONG The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters publié en fin septembre 2020, révèle plus de 50 cas d'exploitation et d'abus sexuels de la part des employés de l'Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) et de certaines ONG lors de l'épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo. Parmi les organisations citées dans ce dossier, il y a notamment, l’UNICEF, Oxfam, Médecins Sans Frontières, World Vision et ALIMA. La majorité de ces femmes ont déclaré que des hommes leur avaient fait des avances, les avaient forcées à avoir des relations sexuelles en échange d'un emploi ou avaient mis fin à leur contrat lorsqu'elles avaient refusé.
Prisca Lokale