Une quarantaine de défenseurs judiciaires près le Tribunal de grande instance de Butembo (TGI) sont descendus dans la rue, ce lundi 2 novembre, pour réclamer des poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs du meurtre de leur collègue lynché vendredi dernier alors qu’il menait des enquêtes, en sa qualité de défenseur judiciaire, dans un dossier de conflit foncier.
La marche est partie de Rughenda, où se trouve le terrain querellé, jusqu’à la mairie de Butembo, via le centre-ville. Les défenseurs judiciaires ont remis à l’autorité urbaine un mémorandum dans lequel ils indiquent avoir décidé de sécher les activités judiciaires jusqu’à nouvel ordre.
« Nous fustigeons le décès d’un défenseur judiciaire qui a été passé au tabac. Nous sommes les auxiliaires de la justice. Nous accompagnons, assistons et représentons les justiciables. Maître a été consulté par un habitant de Rughenda. Il l’a accompagné au parquet, et le parquet a commis un OPJ, un expert pour le constat du fait. Curieusement, une fois sur terrain, il a été agressé jusqu’à perdre sa vie. Aujourd’hui, nous avons peur des populations qui ne comprennent pas notre rôle dans la société. Nous venons de saisir le parquet pour que les auteurs soient arrêtés, traduits en justice dans un procès en flagrance, condamnés et renvoyés en prison », a déclaré Me Moïse Kambale, Syndic du corps défenseurs judiciaires de Butembo.
« La justice populaire n’est pas une solution. Il faut savoir réclamer son droit dans une voie légale », ajoute-t-il.
Le maire de Butembo a promis de canaliser les revendications des défenseurs judiciaires à qui de droit. Cette marche intervient après le dépôt, samedi dernier, d’une plainte contre inconnu au parquet près le Tribunal de grande instance (TGI) pour réclamer justice en mémoire de l’illustre disparu.
Meschack Mitavo, comme c’est de lui qu’il s’agit, a succombé de ses blessures samedi dernier à l’hôpital Matanda, après avoir été victime d’un lynchage, la veille, lors d’une descente, en sa qualité de défenseur judiciaire, dans un terrain conflictuel. Lui et ses trois accompagnateurs, notamment un agent du cadastre, un policier et son client, ont été copieusement tabassés par un groupe des présumés déguerpis du terrain visité, prétextant que la victime travaillait pour le compte du nommé Mboko à qui les décisions judiciaires reconnaissent le droit de propriété.
Ce conflit foncier secoue la ville depuis plus d’une année. Des centaines de ménages ont été déguerpis des certaines cellules de Rughenda, un quartier de la ville, sur un terrain de près de 800 parcelles que les instances judiciaires ont reconnu le droit de jouissance au nommé Mboko. Les victimes ont saisi les instances judiciaires, à tous les échelons, mais sans succès. Il y a peu, la commission justice et paix du diocèse catholique de Butembo-Beni, ayant constaté la limite de l’action judiciaire dans cette affaire, a tenté une médiation. Mais la partie ayant vaincu les procès s’est retiré de la table de négociation, bloquant ainsi le dénouement dans cette affaire qui présente actuellement, d’après plusieurs observateurs, un danger sécuritaire pour la ville de Butembo.
Claude Sengenya