Butembo : deux semaines sans activités judicaires après le meurtre d’un défenseur judicaire dans un cas de justice populaire

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Les défenseurs judicaires près le Tribunal de Grande Instance de Butembo (TGI) décident de sécher pendant deux semaines les activités judicaires près les juridictions de Butembo et Lubero (Nord-Kivu), pour dénoncer le meurtre de leur confrère dans un cas de justice populaire dans la ville.

Meschack Mitavo, comme s’est de lui qu’il s’agit, est succombé de ses blessures samedi dernier à l’hôpital Matanda, après avoir été victime d’un lynchage lors d’une descente, en sa qualité de défenseur judiciaire, dans un terrain conflictuel.  Lui et ses trois accompagnateurs, notamment un agent du cadastre, un policier et son client, ont été copieusement tabassés par un groupe des présumés déguerpis du terrain visité, prétextant que la victime travaillait pour le compte du nommé Mboko à qui les décisions judiciaires reconnaissent le droit de propriété.

Ainsi les défenseurs judicaires décident de cesser les activités du lundi 2 au samedi 14 novembre 2020. Ils ont également déposé samedi 31 octobre dernier une plainte contre inconnu au tribunal de grande instance et promettent marcher ce lundi, tout ceci, pour réclamer justice en mémoire de leur confrère sauvagement tué.

«(Meschack Mitavo) a été tabassé, il a reçu des coups et blessures volontaires ayant entrainé sa mort. En tant qu’hommes de la loi, nous avons convoqué l’assemblée, et nous avons décidé de déposer une plainte contre inconnu (…). Dès ce lundi 2 novembre 2020, il sera déclaré une ville morte sur toute l’étendue de la ville de Butembo, suivi d’une marche pacifique. Dès ce lundi 2 novembre20, jusqu’au samedi 14, les défenseurs judiciaires près le TGI Butembo sèchent toutes les affaires près les juridictions judicaires en ville de Butembo comme en territoire de Lubero, en mémoire de notre cher confrère illustre disparu.  Les défenseurs judicaires promettent poursuivre les inciviques présumés coupables du meurtre du confrère maitre Meschack (…) Nous demandons au conseil de sécurité de Butembo d’ouvrir des enquêtes sérieuses afin de dénicher les auteurs intellectuels, matériels ainsi que les complices de cet ignoble acte, et de mettre à la disposition de justice ces gens-là, dans un bref délai», a déclaré Maitre Moise Kambale Ndekeyonge, Syndic du Corps de défenseurs judicaires de Butembo, dans un mémorandum remis au maire de Butembo.

Les défenseurs judicaires recommandent au conseil urbain de sécurité de garantir la  sécurité des auxiliaires de la justice pendant l’exercice de leurs fonctions. Mais aussi aux autorités et à la société civile, d’«d’instruire la population de Butembo au respect des décisions judicaires et  de l’appeler à éviter la justice populaire».

Ce cas de meurtre survient dans un cas de conflit foncier qui secoue la ville depuis plus d’une année. Des centaines de ménages ont été déguerpis des certaines cellules de Rughenda, un quartier de la ville, sur un terrain de près de 800 parcelles que les instances judiciaires ont reconnu le droit de jouissance au nommé Mboko. Les victimes ont saisi les instances judiciaires, à tous les échelons, mais sans succès. Il y a peu, la commission justice et paix du diocèse catholique de Butembo-Beni, ayant constaté la limite de l’action judiciaire dans cette affaire, a tenté une médiation. Mais la partie ayant vaincu les procès s’est retiré de la table de négociation, bloquant ainsi le dénouement dans cette affaire qui présente actuellement, d’après plusieurs observateurs, un danger sécuritaire pour la ville de Butembo. 

Claude sengenya