Procès Luvungi : le militaire plaide coupable mais évoque la légitime défense

Photo d'illustration/ACTUALITE.CD

Le soldat de la première classe Logo Dedongo Claude, l'unique  prévenu dans le procès des meurtres d'une dizaine des personnes à Sange (Sud-Kivu), a plaidé coupable pour meurtres, tentative de meurtres et perte des munitions de guerre. Il explique que sa décision d’ouvrir le feu était une légitime défense face à une foule qui a voulu le tuer.

Au cours de  l'audience foraine tenue ce mercredi 23 septembre au Tribunal Militaire Garnison de Bukavu tenue la place de l'indépendance à Bukavu, le prévenu explique qu'il n'avait plus de choix que de tirer afin de se frayer un chemin pour sauver sa peau devant une foule qui menaçait de ravir son arme.

" Je venais de Kikulwe à Sangé, une distance de 3 à 4 kilomètres. Toute la distance, c'est vide et il n'y avait que des champs. Et comme c'est la nuit, j'étais seul, pas même de circulation. Arrivé à Sangé sans charge, il n'y avait même pas des motards. Vers l'hôpital de Sangé, j'ai croisé un attroupement de la population, je ne savais même pas qu'est-ce qu'ils revendiquaient (..) D'un coup j'ai entendu les gens cirer, c'est lui, prenons-le pour le lyncher et ravissons son arme. Automatiquement, la population m'a entouré, je me suis questionné s'il ya des choses qui se sont passées avant moi. La population m'a attaqué, il n'y avait même pas espoir de renfort. La population avait l'intention de me lyncher et ravir mon arme. Ils sont venus avec des pneus et l'essence avec l'intention de me brûler vif" a expliqué au tribunal le soldat Logo Claude.

Et d'ajouter :

" J'ai cherché en vain un moyen pour me frayer le passage. J'ai commencé à tirer. J'ai tiré 5 coups d'intimidation en l'air. J'ai constaté que les gens ont foncé vers moi et c'est facile de me tuer, c'était ma mort sans savoir le pourquoi. Je n'étais même pas ivre après ce coup d'intimidation, la population était plus en colère en disant qu'il nous intimide avec son arme et ça ne fera rien. Alors que les habitants se sont plus approchés de moi, j'étais en face de la mort, j'ai ouvert le passage, j'ai tiré et les gens sont morts. Je me suis défendu parce que j'étais menacé et l'arme qu'on nous donne, c'est pour protéger la nation, mais il y a ce principe, on ne ravit pas une arme au militaire, on le récupère après la mort" a chuté le prévenu.

Le procès va se poursuivre ce jeudi 24 septembre 2020. L’audience de ce jeudi sera consacrée à l'audition et la confrontation des témoins ainsi que les plaidoiries.

Le verdict pourrait intervenir d'ici à vendredi 25 septembre 2020.

Justin Mwamba