RDC : à la réunion du Parlement européen, Denis Mukwege a insisté sur la nécessité de créer un tribunal pénal international pour le pays

Denis Mukwege lors d'une conférence de presse. Ph. ACTUALITE.CD.

Intervenant ce lundi 31 août à la première réunion de la sous-commission droits de l’homme du Parlement européen, Docteur Denis Mukwege est aussi revenu sur son plaidoyer en faveur de la paix dans l’Est de la RDC, notamment la nécessité de créer un tribunal pénal international indépendant afin de juger les graves crimes qui y sont commis contre la population civile.

« Aujourd'hui, le problème que nous avons, c'est que tout simplement, beaucoup de criminels se cachent dans les armées dans leurs pays ou dans les administrations de leurs pays parce que nous n'avons pas effectivement un tribunal pénal international qui permet à ce que ces criminels puissent être cherchés. Il est certain que si aujourd'hui le conseil de sécurité de l'ONU peut permettre à ce qu'il y ait un tribunal pénal pour le Congo, tous les pays membres des Nations Unies devraient se soumettre et livrer, si je dois dire ainsi, les criminels supposés », a souligné le Docteur Denis Mukwege.

Pour lui, seule une juridiction internationale autre que la Cour pénale Internationale (CPI) peut atteindre cet objectif étant donné que cette dernière ne peut pas revenir sur les crimes commis avant 2002.

« Je crois qu'il y a eu beaucoup de crimes en RDC. On ne peut pas espérer pouvoir mettre tout le monde en prison, ce n'est pas ça l'objectif, ce n'est pas ça la raison, ce n'est pas une justice de vengeance. C'est une justice pour tout simplement éviter la répétition de ces crimes (…). Une justice pénale internationale permettrait pour le Congo, de juger des crimes qui ont été commis par des ressortissants étrangers, comme vous le savez, il y a eu plusieurs armées qui ont opéré en RDC et ont commis des crimes. Nous pensons que seulement un tribunal pénal international pour le Congo peut le faire d'autant plus que la CPI qui existe n'a effet seulement qu'à partir de 2002 et ces crimes ont été commis bien avant », a-t-il renchéri, estimant que « commencer en 1990 permettrait de pouvoir examiner tous les crimes (...) ».

Quant aux crimes commis en interne, Denis Mukwege pense que les chambres spécialisées mixtes peuvent résoudre le problème.

« Sur le plan national, les chambres spécialisées mixtes peuvent permettre de résoudre le problème : les crimes internes qui ont été commis par les Congolais. Comme on ne peut pas tout régler par les juridictions, il faudrait qu'il y ait une commission vérité et réconciliation puisque je crois que la finalité, il faut réconcilier les belligérants, les provinces, les peuples, et éviter la non répétition. La seule façon de le faire, c'est pouvoir dire la vérité : qu'est-ce-qui s'était passé et que nous allons dans une phase où les gens vont reconnaître leurs torts et que les victimes aussi aient le courage d'aller de l'avant pour dire nous espérons  que ça ne va plus se répéter en se regardant les yeux dans les yeux », a également fait savoir Denis Mukwege.

A la suite de son plaidoyer pour la création de ce tribunal pénal international pour la RDC, Dr. Denis Mukwege disait faire l’objet de plusieurs menaces de mort notamment à travers des “correspondances haineuses”. Le Chef de l’Etat avait d’ailleurs engagé le Gouvernement et, particulièrement les ministres ayant l’Intérieur et la Sécurité ainsi que la Justice dans leurs attributions de prendre toutes les mesures qui s’imposent afin d’assurer sa sécurité. 

Japhet Toko