Pascal Mukuna, responsable de l’église Assemblée Chrétienne de Kinshasa (ACK) devrait être libéré ce 25 août de la prison centrale de Makala. Des Kinoises se sont exprimés sur cette annonce de son avocat.
Francine et Emmanuella pense que sa remise en liberté peut être fondée, si les accusations de Mamie Tshibola ne sont pas prouvées. “C’est une décision de justice.” dit Francine, devant un étalage des friperies. Et de poursuivre “Le juge s’est prononcé sur base des matières en sa possession. L'acquittement n’est pas synonyme de son innocence. Peut-être que la partie civile n’avait pas assez d’éléments de preuve contre le pasteur. La justice ne peut pas se prononcer sur des faits non vérifiés,” dit-elle. A Emmanuella, sexagenaire, d’ajouter “Quand on veut porter plainte, il faudrait aussi s'assurer d’avoir des preuves suffisantes. Si tel n’est pas le cas, il est normal que l’accusé soit remis en liberté”.
Pour avoir suivi les témoignages de Mamie Tshibola, Godet mise plutôt sur l’indemnisation. “Je pense que le pasteur Mukuna peut être remis en liberté, si Mamie Tshibola reçoit ses dossiers parcellaires et qu’elle est indemnisée sur l’affaire de viol et menaces de mort. Nous avons suivi les témoignages de cette femme, et la justice devrait trancher l’affaire en sa faveur”dit Godet.
Le pasteur Mukuna avait également lancé un mouvement d’Eveil patriotique et porté plainte contre Joseph Kabila avant d'être envoyé en prison. Pour Vanessa, une main noire serait à la base de sa détention.“C’est peut-être une relation qui avait évolué dans le secret pendant une période donnée. Pourquoi Mamie Tshibola a-t-elle soulevé cette question seulement lorsque le pasteur s’est prononcé sur les questions politiques du pays ?” s’interroge Vanessa. Je pense que si le pasteur est libéré, poursuit-elle, “c’est que la justice n’a pas prouvé sa culpabilité. Mais s’il est maintenu en prison c’est qu’il y a une main noire derrière ce procès.”
Après l’affaire opposant Penielle à son ex époux l’artiste musicien chrétien Mike Kalambayi et le procès du pasteur Moise Mbiye et Eliane Bafeno, le procès Mukuna est la troisième affaire qui engage des hommes d’église. Pour Clarisse et Mélanie, ces agissements montrent d’une part la malhonnêteté de ces derniers et la prise de conscience pour les femmes victimes. “Certaines personnes profitent de l’Etat de droit pour dénoncer les mauvais actes de plusieurs hommes d’église. C’est aussi l’occasion pour que justice soit rendue à toutes ces femmes qui ont réellement été abusées par les hommes d’église. Les masques tombent parce qu’ils ne sont pas intègres dans leur conduite” dit Clarisse. A sa voisine Mélanie de renchérir “ Ceux-là que nous prenons pour hommes d’église, pour modèles dans la société et des vrais exemples dans la foi ne sont pas honnêtes envers eux-mêmes. Tous les jours, des révélations sont faites sur des actes qu’ils commettent en secret. Si la justice humaine échoue, la justice divine tranchera l’affaire!” conclut Mélanie Kuavava, vendeuse des chikwangues au marché de Kalembelembe.
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Le pasteur Mukuna était poursuivi pour viol, menace de mort et rétention illicite des documents parcellaires de Madame Mamie Tshibola, veuve de son ancien collaborateur M. Kantshia. L’affaire a d’abord été portée au tribunal de grande instance de Kinshasa/Kalamu avant d’être renvoyée au tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe pour suspicion légitime. Elle a été prise en délibéré le lundi 17 Août 2020.
Prisca Lokale