Après la cérémonie d’Oslo, le 1er Prix Nobel congolais de l’Histoire a présenté le bilan d’une année de plaidoyer qu’il a mené. Sur le plan international, plusieurs résultats ont été récoltés mais, sur le plan national, Denis Mukwege a des regrets mais surtout des propositions.
« Au niveau de la République Démocratique du Congo (RDC), nous n’avons pas encore observé les dividendes du Prix Nobel de la Paix. La situation sécuritaire se dégrade dans l’Est du pays, en Ituri, dans les Kivus mais aussi au Maniema. Les massacres se poursuivent chaque jour comme de simples faits divers », constate-t-il.
Face à ce qu’il considère comme « scandale permanent », il lance deux appels aux autorités congolaises et à la communauté internationale. Sa première proposition est d’ordre économique.
« La nécessité d’un commerce transparent et responsable des minerais de l’Est du Congo. Nous appelons de nos vœux l’adoption de mécanismes permettant une traçabilité complète des lieux d’extraction dans les mines de l’Est du Congo jusqu’au produit fini acheté par les consommateurs dans les magasins du monde entier. C’est seulement dans ces conditions que la globalisation de l’économie pourra aller de pair avec l’universalité des droits humains et que nous pourrons enfin transformer les minerais de sang en minerais pour le développement endogène du Congo », dit-il.
La deuxième proposition concerne l’impunité et le déni de justice.
« La mise en œuvre des recommandations du rapport Mapping du Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’Homme sur les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en RDC, entre 1993 et 2003. On ne pourra enrayer les cycles de violence et construire la paix en RDC sur des fosses communes et sur un déni de vérité et de justice », ajoute-il.
Et, selon le Prix Nobel de la Paix, le Tribunal pénal international pour la RDC peut être le début de la solution.
« Telle est la raison pour laquelle nous appelons les autorités congolaises et la communauté internationale à se mobiliser pour exploiter les recommandations du rapport Mapping et d’utiliser tous les mécanismes de la justice transitionnelle, préconisés depuis 2010 : établissement d’un Tribunal pénal international pour la RDC et/ou des chambres spécialisées mixtes, d’une Commission de la vérité, des programmes de réparation et de garanties de non-répétition, telles qu’un assainissement de nos institutions et une profonde réforme du secteur de la sécurité et de la justice », propose-t-il.
Il a réitéré son engagement en faveur de la paix et de la sécurité surtout sur ces deux propositions : « un commerce propre des minerais et le recours aux outils de la justice transitionnelle – car ils constituent les prérequis indispensables pour construire une paix durable en RD Congo et dans la région des Grands Lacs ».