A Kinshasa, elles transforment les sacs plastiques en sac à mains, les déchets de cuisine en charbon vert, elles se battent pour garantir leur autonomie financière. Aujourd’hui, Actualité.CD vous propose les portraits de Jeanne, Marie-Madeleine et Ekofo, trois femmes qui fabriquent des glacières et des cartons, le long de l’avenue du Plateau, dans la commune de la Gombe.
Jeanne est assise derrière une alimentation en ville. C’est là qu’elle a installé son petit commerce. Elle se souvient de ses débuts. “ Cela fait plus de 30 ans depuis que je fais ce métier. Il y a quelques années, je ramassais les cartons pour les amener dans une usine de Limete. La vie était très dure à l’époque. Un jour, j’ai rencontré le propriétaire de Pharmakina (une entreprise de fabrication des médicaments à Kinshasa). Il nous a proposé de lui garder les cartons sans les couper. Nous avons commencé à lui vendre ces cartons sur commande. On pouvait aller jusqu’à deux camions de cartons par semaines. Plus tard, j’ai commencé à fabriquer des glacières, c’est comme ça que tout a commencé”, dit-elle avant d’ajouter “ce métier m’a permis de répondre à mes besoins : payer mon loyer et prendre soin de ma famille. Il m’a permis d’avoir une autonomie financière ”, confie Jeanne.
A un mètre d’elle, Marie-Madeleine Ntsiki, une autre vendeuse des glacières, vient de faire ses provisions de liège. Pour cette habitante de Bumbu, au sud de la ville de Kinshasa, fabriquer des glacières est sa seule source de revenu. “ Cela fait longtemps que je suis dans le métier. Chaque jour, je quitte la maison aux environs de 7 heures pour atteindre la ville. J’ai commencé avant le décès de mon époux. Ce que je gagne au quotidien me permet de nourrir mes enfants. Pour l’instant, c’est ma seule source de revenus”, explique Marie-Madeleine.
“Nos glacières parcourent le monde entier”
Ekofo Bompangi raconte que ce métier lui a permis de scolariser ses enfants. “J’ai commencé à fabriquer des glacières, en 1980, après mes études. Quand je me suis mariée, je n’étais pas diplômée. Au décès de mon mari, je suis restée seule avec mes 7 enfants. Je ne pouvais pas commencer à voler ou mendier. C’est ainsi que l’idée de fabriquer des glacières m’est venue. Grâce à ce métier, j’ai pu scolariser mes enfants et répondre à tous leurs besoins”, dit-elle.
“Nous achetons ces lièges dans les magasins. On peut nous vendre une quantité importante à 10.000 francs congolais. Nous achetons les gros cartons à environs 12.000 francs congolais et le panier à 12.000 francs aussi. Il faut aussi penser au papier collant qui se vend à 1000 francs ou 2.000 francs, ainsi que le couteau” ce sont là les choses importantes de notre travail” souligne Ekofo.
A Jeanne de renchérir “nous vendons des petites glacières à 7.000 francs ou 12.000 francs selon leurs dimensions. Celles qui proviennent des magasins se vendent à 20 dollars américains, nous les revendons à 25 dollars” explique Jeanne
“Nos glacières parcourent le monde entier. Nous les fabriquons pour qu’elles servent à emballer des poissons ou autres aliments frais en partance de la RDC vers tous les autres continents, grâce aux lièges que nous plaçons à l’intérieur des paniers” précise Marie Madeleine.
Quand l’assainissement de la ville devient un sujet d'inquiètude
Ces femmes ont exprimé leurs inquiétude à propos des agents de l’ordre qui travaillent à l’assainissement de la ville.“ Nous avons accepté de nous battre pour nourrir nos familles. Mais quand les agents de l’ordre viennent, ils emportent nos marchandises et nous dispersent alors que c’est ici que nous travaillons” déplore Ekofo.
“Ce travail nous aident à survivre. Mais quand les éléments de la police descendent sur terrain, ils ne tiennent pas compte de tout notre travail” s’alarme Marie-Madeleine, qui souhaite que les autorités leur trouvent un endroit approprié pour installer leur commerce.
Prisca Lokale