Situé dans la commune de Ngaliema, le quartier Malueka héberge des centaines de familles. Les femmes qui y habitent ont confié à la rédaction femme d’Actualité.cd les difficultés qu’elles rencontrent au quotidien.
Les transports en commun accèdent difficilement à cette partie Est de la ville de Kinshasa par manque de route asphaltée. Les travaux d’asphaltage se limitent à certains endroits. Ce qui rend pénible le déplacement des habitants du quartier.
Dorcas est étudiante à l'Institut Supérieur de Commerce (ISC), à la Gombe. Elle décrit son calvaire pour aller aux cours. “Chaque jour, je dépense au moins 4000 francs congolais pour mon transport aller-retour. D’ici jusqu’à Pompage, je prends une moto. De là, je prends le bus qui conduit à Kintambo-Magasin pour enfin prendre un autre bus qui me dépose devant l'institut”, explique-t-elle avant de poursuivre “quand il y a des embouteillages ou quand il pleut, je suis obligée de marcher à pied. Parce qu’en ce moment-là, les conducteurs peuvent doubler ou tripler le montant des courses”, déplore l’étudiante.
Ines Milandu est vendeuse des babouches, des sacs et autres objets en plastique. Elle rêve du jour où il y aura une route asphaltée sur son avenue. “J’habite ici depuis 2016. Il n’y a jamais eu de route ici. Pour acheter ma marchandise, je me rends au marché central et je dois préparer un budget de plus ou moins 7.000 francs congolais rien que pour le transport. Si les autorités songent à asphalter cette route, nos problèmes de transport pourront être résolus”, explique Ines.
“L’eau potable se vend à 150 francs pour 25 litres”
A Malueka, les femmes se plaignent également des difficultés à pouvoir se procurer de l’eau potable. Pour s’approvisionner, celles qui habitent l’avenue Nzolana et ses environs se dirigent vers un forage, installé par un candidat député lors de la campagne électorale.
“Nous venons tous puiser de l’eau à cet endroit, selon l’horaire fixé par les gérants. Et, les bidons de 25 litres que j'utilise, je me les procure à chaque fois que j'en ai l'occasion à 1000 francs ou 500 francs congolais au marché. Je fais des provisions pour mes enfants, qui vont à l’école, et pour mon mari, qui va au travail en ville. C’est la seule source d’eau que nous avons,” confie Aimérance, une vendeuse de pain sur l’avenue.
Pour Tshishimbi, l’un des gérants du forage, cette situation a été causée par les travaux de construction d’un caniveau, menés par une entreprise chinoise. “ Ils ont coupé les tuyaux de la Régideso parce qu’il fallait construire un grand caniveau. Depuis que cette société est partie, elle a laissé un caniveau non achevé et des tuyaux non réparés. C’est ainsi que le député avait pensé à construire ce forage pour permettre aux habitants de se trouver de l’eau potable”, explique Tshishimbi avant d’ajouter “au départ, l’accès à ce forage était gratuit, c’est avec le temps que nous avons réalisé qu’il faut au moins 75 litres de carburant pour alimenter le groupe qui nous permet de remplir deux citernes de 5.000 litres, deux fois au cours de la même journée. C’est là que nous avons décidé de fixer à 150 francs congolais, le prix d’un bidon de 25 litres d’eau”, dit-il.
Au même endroit deux câbles électriques d’environs 6 mètres de long traînent à un mètre du sol. Heureusement qu’il n’y a pas d’électricité depuis un mois. “Quand les gens viennent puiser de l’eau, ils passent en dessous de ces câbles. Nous n’avons pas de courant électrique depuis le mois de mars, ce n’est pas très grave. C’est seulement depuis deux semaines que ces câbles sont tombés”, explique une habitante.
“Lorsqu’il pleut, nos maisons sont emportées par l’eau”
Malgré les érosions qui menacent le quartier, certaines femmes y vivent toujours avec leurs familles. “ Nous avons quitté City, un autre quartier pour Malueka parce que la garantie locative est abordable. En plus, les bailleurs fixent la location des maisons à un prix raisonnable. Je loue une maison de 2 chambres et 1 salon à cinquante dollars par mois. Le seul problème qui se pose, c’est parce que ces maisons peuvent s’écrouler à tout moment,” explique une vendeuse d’épices.
Pour Laurette, c’est la construction inachevée du caniveau qui serait à la base de tous les tracas. “Les agents de cette société chinoise sont venus nous mettre en confiance, ils ont creusé devant nos parcelles, ils nous ont promis de construire un grand caniveau pour limiter les érosions dans notre quartier. Les voilà partis depuis plusieurs mois. Ils ne reviennent pas. Et lorsqu’il pleut, nos maisons sont emportées par l’eau”, explique Laurette, la trentaine, mère de trois garçons, qui “espère à une solution urgente de la part des autorités ”.
En dehors de ces difficultés, le quartier Malueka connaît également des problèmes d’insécurité, des soucis d’infrastructures au niveau des centres de santé ainsi que des manquements au niveau de l’encadrement des jeunes.
Prisca Lokale