Une dizaine d'organisations non gouvernementales (ONG) se sont dites préoccupées , ce vendredi 3 mai , par la traversée de milliers de congolais contraints de fuir vers l'Ouganda suite à une recrudescence des violences armées à Beni dans la province du Nord - Kivu, en République démocratique du Congo (RDC).
Dans leur fuite , les congolais évitent les points frontières officiels et choisissent de traverser illégalement par les forêts le long de la frontière ou par bateau sur le lac Albert.
"Cela augmente le risque de propagation du virus Ebola, car les personnes ne sont pas soumises au dépistage, comme elles le seraient aux postes frontières officiels.", font remarquer les humanitaires dans un communiqué conjoint.
Le texte est signé par les ONG : Assistance aux Migrants Forcés, Care International, Catholic Relief Services, Cordaid, Conseil Danois pour les Réfugiés, Finn Church Aid, Conseil finlandais pour les réfugiés, International Rescue Committee, Service jésuite des réfugiés, Mercy Corps, Conseil norvégien pour les réfugiés, Oxfam, Save the Children, Swiss Church Aid, Uganda Joint Christian Council et War Child Hollande.
Ces traversées non officielles placent les personnes en quête de refuge face à un "risque accru et totalement inutile de violences et d'exploitation sexuelles", affirme Francis Iwa, directeur exécutif de l’organisation Care for Forced Migrants (CAFOMI).
Une fois en Ouganda, les congolais évitent également les procédures d'immigration officielles et l'enregistrement en tant que réfugiés. Ils risquent donc , de ne pas être soumises au dépistage d'Ebola et ne pourront pas accéder aux services qui ont été spécialement créés pour leur venir en aide, s'inquiète M. Iwa.
Parmi ces congolais en quête de refuge , figurent au moins 30 000 enfants qui vivent désormais dans des conditions "épouvantables", d'après Heather Kerr, directrice pays de l'ONG Save the Children en RDC.
"Nombreux sont ceux qui auraient été témoins d’atroces violences, ayant vu les membres de leur famille attaqués et leurs maisons détruites. À présent ils sont exposés à des maladies telles que le virus Ebola, qui frappe le plus durement les enfants. C'est une situation inacceptable à laquelle nous devons remédier sans plus tarder", soutient - elle.
"Les gouvernements des deux côtés de la frontière doivent travailler avec la communauté humanitaire pour protéger les personnes déplacées et fournir l'aide dont elles ont besoin de toute urgence.", plaide Elijah Okeyo, directeur de l’organisation International Rescue Committee (IRC) en Ouganda.
Les 18 organisations humanitaires demandent aux autorités congolaises de veiller à ce que les personnes déplacées puissent se rendre librement et en toute sécurité en Ouganda.
Elles appellent les autorités congolaises et la mission de maintien de la paix de l'ONU (MONUSCO) d'assurer la protection des personnes déplacées et faciliter leur accès aux services essentiels dont elles ont besoin.
Aux autorités des deux pays , un appel à lancer conjointement et faciliter des opérations humanitaires transfrontalières, a été lancé , pour "garantir aux personnes déplacées dans les zones limitrophes de l'Ouganda un meilleur accès aux services humanitaires en RDC.".
L’Ouganda accueille déjà plus de 1,2 million de réfugiés , le nombre le plus élevé en Afrique et l’un des plus élevés au monde. Dans ce pays , le plan de réponse de 2019 pour les réfugiés congolais n'a été financé que jusqu'à 2%, avec seulement 8,1 millions de dollars reçus sur les 389,5 millions de dollars nécessaires.
La RDC connait la plus grande crise de déplacement interne en Afrique. Le pays compte plus de 13 millions de personnes [ dont 5 millions de personnes ayant fui leurs foyers ] en besoin d'une aide humanitaire.
Christine Tshibuyi