Dans une correspondance adressée le 17 décembre à Corneille Nangaa, président de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), Henri Mova, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, avait suggéré de tenir compte de l’épidémie d’Ebola et de la situation sécuritaire dans la province du Nord-Kivu, précisément dans la région de Beni-Butembo. Bien plus, il avait expressément évoqué la « menace terroriste »
« La menace terroriste continue également de planer sur la région avec son lot d’actes criminels perpétrés par des bandes et milices non encore maîtrisées malgré les efforts de nos forces armées », avait dit Mova.
La dernière attaque dans Beni a eu lieu le 22 décembre. Au moins cinq personnes ont été tuées par balles et trois autres blessées.
Mova avait aussi parlé de la situation sanitaire.
« En effet, depuis le 2 août 2018, notre pays connaît l’attaque la plus meurtrière de l’épidémie d’Ebola, entraînant à ce jour plus de 300 victimes, sans compter des centaines de cas des personnes contaminées. L’épidémie continue de sévir dangereusement dans la région malgré les efforts du ministère de la Santé et nos partenaires de santé publique », avait-il ajouté.
Depuis le début de l’épidémie de la maladie à virus Ebola, le cumul des cas est de 583 dont 535 confirmés et 48 probables. Au total, il y a eu 354 décès (306 confirmés et 48 probables).
Dans cette lettre qui était précédée d’une réunion interinstitutionnelle, Mova était suggestif, mais pas du tout formel sur les décisions à prendre et les actions à mener.
« Dans la mesure où les élections entraîneront forcément des grands mouvements des populations dans une contrée à forte densité, je vous prie de bien vouloir tenir compte des enjeux sécuritaires et sanitaires dans les circonscriptions concernées », avait-il ajouté.
Dans sa décision de reporter au mois de mars 2019, les élections à Yumbi, Butembo et Beni, la CENI évoque et s’appuie également sur cette lettre. Il reste à savoir pourquoi cette annonce intervient à quatre jours des élections. Pourquoi un délai de trois mois ? Si c’est envisageable que la population soit revenue à Yumbi dans cette échéance, ce n’est pas évident qu’Ebola et surtout l’insécurité trouvent une solution dans un trimestre.