RDC-présidentielle : Finances, impréparation, réticence… empêchent les femmes à candidater

<b>Marie-José Ifoko est la seule femme parmi les 25 candidats qui ont déposé leurs dossiers à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour l’élection présidentielle du 23 décembre 2018. </b>

<b>Avec 4 % de représentation de la femme, cette situation relance la problématique de la participation féminine aux échéances électorales.</b>

Pour Eve Bazaiba, secrétaire générale du Mouvement de Libération du Congo (MLC), trois facteurs empêchent pour le moment la participation de la femme aux échéances électorales, en général, et à l’élection présidentielle, en particulier. Il s’agit des moyens logistiques, des finances et de l’assise politique confortable sur l’ensemble du pays.

“<i>Pour postuler à l’élection présidentielle, il faut avoir de la logistique nécessaire. En d’autres termes, il faut avoir des affiches partout, des véhicules pour transporter les matériels de campagne et autres. A cela, il faut ajouter des moyens financiers nécessaires. On ne postule pas pour postuler parce qu’une élection exige de l’argent. Mais le plus important pour une élection présidentielle, est qu’il faut avoir une assise politique dans le  pays. La candidate doit être en mesure de battre campagne partout et être connue sur une bonne partie du territoire national. Sinon on risque d’être votée par les gens de sa propre région”</i>, a indiqué à ACTUALITE.CD Eve Bazaiba.

A la question de savoir pourquoi sa candidature n'a pas été présentée par le MLC à l’élection présidentielle, Eve Bazaiba a affirmé qu’elle n’a pas personnellement l’ambition de postuler à ce poste.

D’après Monique Ngalula Kapijika, coordinatrice à l'Enfance missionnaire pastorale des enfants, une organisation de la société civile, la participation de la femme aux échéances électorales n’est pas un cadeau. Elle affirme que les femmes congolaises ne s’assument pas afin de mériter les postes de prise des décisions.

"<i>Je pense que demander à la femme de participer à la magistrature suprême serait trop lui demander car les contextes dans lesquels la femme évolue n'ont pas beaucoup changé. Malgré les bagages intellectuels qu'elles renferment, elles ne peuvent pas arriver à travailler à la magistrature suprême. Il y a un travail à faire avant d’arriver à ce stade, c’est de commencer d’abord à former les filles dès les bas âges. Faire en sorte que ces jeunes puissent acquérir la maturité humaine et affective. La femme congolaise doit être d’abord préparée avant de lui demander de postuler à l’élection présidentielle. En d’autres termes, il faut faire un travail en amont</i>", a expliqué Monique Ngalula Kapijika.

De son côté, Priscille Ngoie Kabedi, coordinatrice à l'Association femmes et actions (AFA), estime que les femmes sont généralement réticentes pour assumer certaines responsabilités. Elle encourage  au préalable leur préparation.

<i>“Nous encourageons les femmes à gravir progressivement les échelons de la société. Quand vous regardez ce qui se passe dans notre pays, vous allez constater qu’à chaque fois qu’on parle des postes de responsabilité, la femme congolaise a toujours tendance à se retirer en faveur de l’homme. Et, concernant le processus électoral, la plupart des femmes se disent ne pas être financièrement capables de postuler. La majorité de femmes pensent que le meilleur moyen de préserver leur réputation est de se taire. Pourtant, en se taisant, on étouffe son talent et ses capacités en laissant émerger les hommes seuls”</i>, a-t-elle conseillé.

En  2006, sur 33 candidats à la magistrature suprême, on avait enregistré 4 femmes. Parmi elles, il y avait Justine Mpoyo Kasa-Vubu qui était en tête des suffrages obtenue par les femmes avec  0,44%. En 2011, aucune femme n’a participé à l’élection présidentielle.

<b>Lise Kensey et Bénédicte Mavinga, stagiaires/UCC</b>

&nbsp;