Le mois d’octobre a été marqué par l’activisme des Mai-Mai Yakutumba, renseigne le Baromètre sécuritaire du Kivu (BSK), un projet mené conjointement par le Groupe d’Étude sur le Congo, basé au Centre sur la coopération internationale de l’Université de New York, et Human Rights Watch.
<em>« Depuis plusieurs mois, une nouvelle dynamique s’est affiché dans le sud du Sud-Kivu, une grande coalition d’au moins douze groupes armés avec les Mai-Mai Yakutumba à leur tête. Cette Coalition Nationale du Peuple pour la Souveraineté du Congo (CNPSC) a lancé une nouvelle offensive depuis juin 2017, en attaquant le site minier de Misisi et des positions importantes des FARDC à Forces Bendera et Lulimba. Le 23 septembre 2017 elle a commencé un assaut sur Uvira, la deuxième ville la plus importante du Sud-Kivu, en prenant le contrôle des localités de Mboko, Kabumbe, Mukwezi, Kasekezi, et Makobola Ier en territoires de Fizi et d'Uvira »,</em> renseigne le rapport mensuel (octobre) du BSK.
Le monitoring rapporte également des pillages qui auraient été menés par les FARDC.
<em>« Il a fallu une semaine entière de contre-attaque pour que les FARDC et la MONUSCO reconquièrent au début du mois d’octobre les localités tombées sous le contrôle des Mai-Mai. Le bilan des affrontements a été lourd : plusieurs morts, des blessés et des capturés au sein des FARDC et Mai-Mai Yakutumba, un casque bleu blessé, six civils tués, cinq civils blessés. Les conséquences de ces affrontements se sont étendues sur tout le mois d’octobre en termes de ratissage, de pillages des infrastructures civiles par les FARDC, de règlement de comptes avec des civils soupçonnés d’avoir collaboré avec l’ennemi par les deux belligérants », </em>ajoute le rapport.
<strong>Ce que BSK sait des Mai-Mai Yakutumba</strong>
Créé en 2006 par William Amuri (également connu sous le nom de « Yakutumba »), un ancien officier des FARDC, le groupe est devenu l’un des groupes armés congolais les plus brutaux du Sud-Kivu. Exploitant les griefs locaux, notamment au sein de la communauté Bembe, Yakutumba a créé son groupe en 2007 sous le nom officiel de Parti d’action pour la reconstruction du Congo–Forces armées Alléluia (PARC-FAAL). Yakutumba a fait preuve d’habileté en réussissant à coopter de nombreux groupes Maï-Maï de moindre envergure du territoire de Fizi afin de former des coalitions placées de fait sous ses ordres, notamment les groupes Maï-Maï Bwasakala et Bavon. Le groupe entretient aussi différents liens en Tanzanie et est connu pour ses actes de piratage et de contrebande sur le lac Tanganyika. Fin 2016, le groupe a relancé l’alliance de la Coalition nationale du peuple pour la souveraineté du Congo (CNPSC), un projet de coalition élaboré en 2013 mais qui ne s’était jamais concrétisé. Puis, dans la première moitié de 2017, il a réussi à lancer une série d’attaques contre les FARDC, entraînant une hausse significative de l’influence du groupe en territoire de Fizi, qui s’étend désormais jusqu’à Misisi, le centre d’exploitation aurifère du territoire, et à des villes importantes telles que Fizi-Centre et Baraka.
<strong>C’est quoi le Baromètre sécuritaire du Kivu ?</strong>
Le Baromètre sécuritaire du Kivu (BSK) est un projet mené en coopération entre le Groupe d’Étude sur le Congo, basé au Centre sur la coopération internationale de l’Université de New York, et Human Rights Watch. L’objectif du Baromètre sécuritaire du Kivu (BSK) est de cartographier les violences exercées par les forces de sécurité étatiques et par les groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo afin de mieux comprendre les tendances et les causes de l’insécurité et des violations graves du droit international relatif aux droits humains et du droit humanitaire.