Augustin Kikukama s’est confié, ce mercredi 17 mai 2017, à ACTUALITE.CD au sujet du 20ème anniversaire de l’entrée de l’AFDL à Kinshasa en 1997. Le leader du mouvement M17 regrette que le pouvoir actuel n’ait pas pu pérenniser les acquis de la libération. Il invite le peuple à la prise de conscience pour se créer une nouvelle date du 17 Mai, cette fois, par les bulletins de votes.
20 ans après l’arrivée de l’AFDL, avons-nous avancé ou reculé ?
Moi, je crois que le 17 mai 1997, c’est une date historique qui a généré l’espoir de tout un peuple. Nous avions réalisé quelques choses de formidable, c’est-à-dire chasser Mobutu et son système. Le peuple congolais avait réalisé qu’une fois réuni tout est possible. Alors avons-nous avancé ou avons-nous reculé ? Je pense que dans toute révolution au monde, il y a toujours eu des vrais révolutionnaires et des contre-révolutionnaires. Ce qui s’est passé le 16 janvier 2001 est le fait de la contre-révolution. Je pense que la gouvernance actuelle a trouvé mieux de s’accommoder avec l’ancienne gouvernance de l’avant la révolution, d’où la résurgence des antivaleurs longtemps décriées sous Mobutu. Voilà pourquoi je parle de la contre-révolution.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que l’AFDL a foutu le pays dans la m... ?
Lorsque Mzee (Laurent Désiré Kabila) a parlé d’un conglomérat d’aventuriers et des opportunistes, il était tout à fait surpris de voir que les gens qui se considéraient comme Congolais soient partis ensemble avec l’armée rwandaise. C’est un constat qu’il a fait et il est resté constant en créant les CPP (Comités du pouvoir populaire), ensemble avec les gens qui sont restés fidèles à la patrie, d’où l’hymne des opprimés. L’AFDL a sauvé la patrie de l'abîme, ne l’oublions pas. Sans l’AFDL, le pays allait éclater et on vivrait dans une sorte de jungle. Dommage que les acquis de la libération n’ont pas été pérennisés par la gouvernance actuelle. C’est ce qui donne cette image-là, et qu’il y a eu l'événement douloureux du 16 janvier. Il y a ainsi eu une cassure entre le gouvernement Mzee Kabila et la gouvernance actuelle. Voilà pourquoi je peux dire que l’AFDL a fait mieux.
Qu’est-ce que Laurent Désiré Kabila aurait pu faire s’il était encore là ?
Mzee a ramené l’espoir au peuple congolais. Il a fait comprendre au peuple congolais qu’il était le maître de son histoire, de son présent et de son avenir. Les initiatives du Mzee Kabila prouvent qu’aujourd’hui le monde entier allait parler de la RDC comme un état émergent. Donc, si Mzee était là, on allait parler d’un Congo émergent au lieu d’un Congo dans l'abîme. La bonne question pour moi serait que fait le M17 pour accomplir l’œuvre inachevée de Mzee Kabila ? Nous pouvons vous dire que nous sensibilisons la population congolaise à prendre conscience que son devenir, c’est d’abord lui-même le peuple congolais qui peut en décider. Par nos enseignements, nous faisons comprendre au peuple congolais qu’il nous faut une nouvelle date du 17 mai, non pas par les armes, comme les petits Kadogos l’ont fait, mais par l’usage de nos bulletins de vote pour accomplir notre 17 mai afin que nous puissions arriver à ce changement, arriver à éradiquer les antivaleurs qui ont fait une résurgence jamais vue au monde. Cela pour que le peuple puisse comprendre qu’il a une arme fatale contre une mauvaise gouvernance.
Voyez-vous le gouvernement Tshibala organiser les élections en décembre 2017 conformément à l’accord ? Je dis que, juridiquement, le gouvernement Tshibala est légitime. Mais, politiquement, est-ce que ce gouvernement a le poids moral d’amener les réformes qui peuvent nous amener vers les élections démocratiques, et transparentes ? Je dis non.
Interview réalisée par Stanys Bujakera