RDC : Plus de 400 tués, 100 000 personnes affectées, le drame du Kasaï commence à ressembler à celui de Beni

Plus de 400 personnes tuées depuis aout 2016, la situation au centre de <strong>la RDC</strong> se dégrade au jour le jour. Le weekend a été particulièrement violent suite aux affrontements entre les forces de l’ordre et des combattants se réclamant de <strong>Kamwuina Nsapu</strong> près de <strong>Mwene-ditu</strong> dans la province de <strong>Lomami.</strong>

La semaine dernière, des sources onusiennes annonçaient qu’un Casque bleu uruguayen avait été blessé par balle.

<strong>Lambert Mende,</strong> porte-parole du gouvernement congolais, a confirmé à ACTUALITE.CD que deux officiels de l’ONU ont été kidnappés depuis dimanche 12 mars au niveau du pont de la rivière Moyo près de <strong>Tshimbulu</strong>, à près de 120 Km de <strong>Kananga</strong> (Kasaï Central). Il s’agit d’un américain et d’une suédoise. Egalement enlevés, trois chauffeurs de taxi-moto et un interprète. Ils ont tous été conduits dans la forêt par leurs ravisseurs qui ne sont pas encore identifiés. La milice Kamwina Nsapu qui sévit dans la région n’a pas été formellement pointée du doigt tant par l’ONU que par le gouvernement congolais.

Les attaques attribuées à cette milice font percevoir une vive tension à Kananga et dans plusieurs villes et localités des provinces de l’espace Kasaï. Les 26 et 27 janvier dernier, elles ont même rendu impossibles la tournée du Premier ministre <strong>Samy Badibanga.</strong>

<strong>Pression internationale</strong>

Au niveau international, la France, les USA, l’Union européenne et même le Vatican appellent à des enquêtes internationales sur ces violences. Le 8 mars dernier, le Haut-commissaire de Nations-Unies aux droits de l’homme, Zeid, avait également demandé l’ouverture d’une enquête après la découverte des trois nouvelles fosses communes  dans cette région.
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="100"><em>« À la lumière des rapports récurrents de violations graves et de la découverte récente de trois autres fosses communes, j’exhorte le Conseil à établir une commission d’enquête chargée d’examiner ces allégations »</em>, avait dit le prince Zeid.</blockquote>
<strong>Initiatives du gouvernement</strong>

Pour le gouvernement, il n’y a point des doutes sur les auteurs de ces fosses communes.
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="100"><em>« Il y a plus de trois fosses communes que les magistrats en charge de l’enquête ont découvert dans cette partie du territoire national. Le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme n’a réagi que sur base des données partielles lui fournies peut-être par la société civile. Il n’a pas mis ça sur le dos du Gouvernement. D’après le rapport partiel des magistrats qui sont en charge de l’enquête, ces tueries sont attribuées aux miliciens Kamwina Nsapu qui tuent des chefs locaux, des policiers et même des agents de la CENI à leur passage dans des villages »,</em> avait affirmé Lambert Mende.</blockquote>
<strong>Comme dans l’Est…</strong>

Comme dans l’Est de la RDC, les partenaires internationaux commencent à se mobiliser. Le nouveau secrétaire général des Nations unies <strong>Antonio Guterres</strong> a même demandé ce vendredi 10 mars 2017 au Conseil de sécurité d’augmenter l’effectif des casques bleus en RDC. Des soldats dits de la paix qui devraient notamment être déployés aux Kasaï.

Au regard de l’ampleur du drame, le Fonds Central de réponse d’urgence (CERF) des Nations Unies a même alloué une enveloppe de 5 millions de dollars US pour couvrir les besoins de plus de 108 000 personnes affectées par la crise, a annoncé l’ONU.  Un accent particulier devrait être placé sur la santé et la sécurité alimentaire.  Selon la même source, cette première allocation permettra, entre autres, de soutenir la sécurité alimentaire de plus de 25 000 personnes; de fournir des soins et services de santé primaires, de l’eau et des services d’hygiène dans les territoires de Dibaya (Kasaï Central), Kabeya Kamuanga (Kasaï Oriental) et Tshikapa (Kasaï).

A <strong>Kinshasa</strong>, les autorités disent également prendre au sérieux ces violences.

Après avoir échangé le 31 mars dans la capitale avec les gouverneurs des provinces concernées, Emmanuel <strong>Ramazani Shadary</strong>, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et sécurité, se retrouve depuis le 12 mars à Kananga (Kasaï-central) dans une mission dite de pacification. Il est accompagné d’élus nationaux et locaux originaires de cette partie du pays. D’après les informations d’ACTUALITE.CD, M. Shadary va également entamer des discussions avec la famille régnante du feu Kamwina Nsapu pour son inhumation selon les us et coutumes, ainsi que l’intronisation de son successeur.

Ces événements interviennent dans un contexte pré-électoral tendu. Le gouvernement issu de l’Accord du 31 décembre et qui est censé conduire le pays aux élections avant la fin de l’année n’est toujours pas installé environ trois mois après la signature de ce compromis politique par les principales forces politiques du pays.

<a href="https://twitter.com/ligodipatient"><strong>Patient LIGODI</strong></a>