Alors que des vidéos ont circulé sur la toile montrant l'opposant et communicateur du parti politique Ensemble pour la République, ligoté et assis par terre dans les cachots de Lubumbashi, des voix se sont levées pour condamner cet enlèvement survenu devant les locaux de la télévision HK6, où il était invité pour une émission de débat politique. JUSTICIA Asbl, une structure de la société civile œuvrant dans la promotion et la défense des droits de l'homme, s'est dite préoccupée par la détérioration de la situation politique, notamment après l'arrestation de John Mbangu à Lubumbashi, dans le Haut-Katanga.
"JUSTICIA Asbl est très sérieusement inquiète de la dégradation de la situation politique dans la province du Haut-Katanga, plus particulièrement à la suite de l'usage des méthodes barbares par les services de sécurité procédant à l'enlèvement et à la détention des opposants politiques en raison de leur opinion sur la gestion du pays. Si, à ce stade, il est difficile de déterminer avec exactitude les motifs de cet enlèvement ignoble, suivi d'un ligotage des mains et d'une humiliation indigne dans un État qui se veut de droit, tout laisse croire que l'enlèvement de John Mbangu est consécutif à ses prises de position contre le changement de la Constitution, tel que souhaité par le Président de la République, Félix Tshisekedi", note cette organisation de la société civile dans son communiqué de presse.
Dans ce même communiqué, JUSTICIA Asbl dénonce une politique de deux poids, deux mesures dans le débat autour du changement de la Constitution, qui serait, selon cette organisation non gouvernementale des droits de l'homme, à l'origine de l'enlèvement de l'opposant John Mbangu Kayombo.
"JUSTICIA Asbl constate avec regret que ceux du camp qui prônent le changement de la Constitution peuvent se prononcer en toute liberté et sans aucune inquiétude, alors que ceux qui s'y opposent sont tragiquement inquiétés. C'est le cas de Jean-Claude Ndala, un autre opposant et membre du parti politique Ensemble pour la République, enlevé et détenu au secret dans les cachots de l'Agence nationale des renseignements (ANR) du Haut-Katanga, où il a passé 20 jours avant son transfèrement au Parquet près le Tribunal de grande instance de Lubumbashi", a poursuivi JUSTICIA Asbl dans sa mise au point.
Selon cette organisation, la politique d'intimidation ou d'étouffement des libertés d'expression et d'opinion est une pratique liberticide dans une démocratie et ne peut nullement favoriser l'émergence de la vérité. JUSTICIA Asbl invite les services de sécurité à revenir au bon sens et à éviter d'exacerber une situation sociale déjà très tendue en raison de la recrudescence de l'insécurité dans la province du Haut-Katanga. Elle appelle également le Président de la République à donner l'ordre à ces services, qui dépendent de lui, de cesser les intimidations et le harcèlement contre les opposants politiques.
Devant la télévision HK6, alors qu'il venait de participer à l'émission Le Grand Débat sur des questions d'actualité, John Mbangu Kayombo, membre d'Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, a été interpellé par des personnes se présentant comme des agents des services de sécurité, selon les témoignages recueillis sur place. Plus tard, il a été aperçu dans une courte vidéo, en veste, ligoté et mis à terre, discutant avec ceux qui l'avaient emmené. Avant John Mbangu, un autre cadre d'Ensemble pour la République, Jean-Claude Ndala Muselwa, avait été arrêté en décembre 2024 à Lubumbashi.
José Mukendi