Lors de la 1321ᵉ réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ce lundi 29 décembre, la ministre des affaieres étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a rejeté les allégations faisant état de la promotion d’une politique de discrimination à l’égard des Congolais d’origine tutsi, argument généralement utilisé par le régime de Kigali pour justifier ses interventions dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Intervenant par visioconférence, la cheffe de la diplomatie congolaise a affirmé que cela ne constitue nullement la politique du gouvernement ni celle de l’État congolais. Selon elle, les dérapages de certains individus sont pris en charge conformément aux lois du pays ainsi qu’aux engagements de la RDC au niveau continental.
"Je tiens à le dire avec clarté : la République Démocratique du Congo rejette toute instrumentalisation de l’ethnicité. Aucune communauté ne peut être collectivement stigmatisée ni utilisée comme prétexte à une agression. Toute dérive relève de comportements individuels, jamais de la politique de l’État, et est traitée de manière systématique conformément à nos lois et à nos engagements africains", a déclaré Mme Kayikwamba.
Cette intervention intervient dans un contexte marqué par la suspension de ses fonctions du porte-parole des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le général-major Sylvain Ekenge, accusé d’avoir tenu des propos jugés discriminatoires à l’égard des femmes de la communauté tutsi. L’État-major général des FARDC a précisé que les propos tenus par le général-major Sylvain Ekenge "ne reflètent en rien la position officielle du pays, ni celle du Commandant suprême des FARDC, ni celle du Gouvernement".
Dans un communiqué, le chef d’état-major général des FARDC, le lieutenant-général Jules Banza, a condamné ces propos et réaffirmé la détermination des FARDC à défendre et à protéger, avec discipline et professionnalisme, la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays ainsi que la sécurité de tous les Congolais, sans discrimination, jusqu’au sacrifice suprême. Il a également appelé l’ensemble de la population à l’unité, à la cohésion nationale et au rejet de tout discours de haine, afin de soutenir les FARDC dans l’accomplissement de leur mission.
Les déclarations du général-major Sylvain Ekenge ont été largement relayées et exploitées par certains membres du gouvernement rwandais ainsi que par certaines autorités de la rébellion de l’AFC/M23, dans un contexte de tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali autour du respect des engagements pris dans le cadre du processus de Washington. Cette situation est perçue comme un coup porté à Kinshasa, certains y voyant une remise en cause de sa volonté d’honorer ses engagements.
Clément MUAMBA