C'est désormais officiel, en présence de Donald Trump, Président des États-Unis d’Amérique, Félix Tshisekedi, Président de la République Démocratique du Congo, et son homologue rwandais Paul Kagame ont signé, jeudi 4 décembre, les accords de Washington pour la paix et la prospérité. Cette démarche vient entériner le travail déjà réalisé par leurs experts, délégués respectifs ainsi que par les ministres des Affaires étrangères.
Alors que les parties se félicitent de cette avancée diplomatique, la principale préoccupation dans l’environnement sociopolitique congolais demeure de savoir si cela aura un impact positif sur le terrain, au regard des violents combats signalés ces derniers jours dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Interrogée sur cette situation, Thérèse Kayikwamba, ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale, de la Francophonie et de la Diaspora se dit consciente des attentes et estime que le premier pas doit se matérialiser par un cessez-le-feu immédiat sur le terrain.
"Nous sommes conscients de l'attente tout à fait légitime de nos compatriotes en particulier dans les zones sous occupation que cet accord se traduit très rapidement par un changement des conditions et un retour à la paix. En termes de ce qui devrait se faire dans l'immédiat évidemment le premier pas serait un cessez-le-feu, ça sera un indicateur clair qui illustre l'engagement des parties", a fait savoir la cheffe de la diplomatie congolaise au cours d'un briefing presse co-animé avec ses collègues du gouvernement et le gouverneur de la Banque Centrale du Congo à Washington DC aux États-Unis d'Amérique
Toutefois, consciente de la complexité d’une crise qui dure depuis plus de trois décennies, Thérèse Kayikwamba Wagner dit ne pas partager l’avis selon lequel, en cas de tensions signalées ou de poursuite des hostilités sur le terrain, il faudrait jeter cet accord à l’eau ou le considérer comme caduc.
"S'il y a, si vous voulez une continuation de la violence, ça ne veut pas dire que l’accord est caduc. Je ne pense pas qu’une guerre ou un conflit qui a duré 30 ans prenne fin juste par la signature d’un accord, ça veut dire que nous devons être conscients que nous allons avoir des avancées, mais nous allons aussi avoir malheureusement, des échecs. Ce qui est important ici c'est de souligner le fait que nous avons trois parties prenantes à ces accords, qui ont toutes pris l'engagement justement d'exécuter cet accord et de se rendre redevable et ça à des niveaux différents par rapport à des engagements différents", a fait remarquer Thérèse Kayikwamba Wagner.
Pour ce faire, selon ce membre du gouvernement Suminwa, son pays, la République Démocratique du Congo compte énormément sur l'engagement des États-Unis d'Amérique médiateur et co facilitateurs du présent accord entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda
"Le Chef de l'État Félix Tshisekedi a été clair là dessus, après 30 ans combien des présidents américains sont passés sans pour autant s'engager avec autant des moyens diplomatiques et autres que le Président Donald Trump, je pense que nous avons tous un intérêt à ce que cette guerre prenne fin et qu'au premier si vous voulez au premier défi, je ne veux pas dire échec mais au premier défi qu'on ne jette pas cet accord à l'eau mais on continue justement à se battre pour une redevabilité, pour une exécution de l'accord. Si c'était si facile de mettre fin à une guerre juste en signant un accord nous n'en serions pas là 30 ans plus tard, il s'agit d'un engagement continue qui doit être maintenu avec les parties prenantes et nous en sommes conscients et nous allons faire notre part de chose et continuer à insister sur la redevabilité de tous les acteurs", a souligné la cheffe de la diplomatie congolaise Thérèse Kayikwamba Wagner.
Le président Donald J. Trump a présidé la signature des Accords de Washington pour la paix et la prospérité entre la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Rwanda. Cet instrument selon le département d'État américain, "historique" réaffirme les engagements pris pour mettre fin à des décennies de conflit, favoriser la coopération économique et jeter les bases d’une paix durable. Les Accords de Washington réaffirment l’engagement des deux parties à mettre en œuvre l’Accord de paix entre la RDC et le Rwanda, conclu à Washington, D.C., le 27 juin 2025, ainsi qu’à concrétiser la vision du Cadre d’intégration économique régionale (CIER), afin de créer une feuille de route ambitieuse pour la paix, la sécurité et une croissance économique sans précédent.
La RDC et le Rwanda ont également signé le Cadre régional d’intégration économique (REIF), une initiative bilatérale novatrice destinée à libérer le vaste potentiel économique de la région des Grands Lacs et à créer de nouvelles opportunités pour le secteur privé américain. Le président Félix Tshisekedi a signé au nom du gouvernement de la RDC, tandis que le président Paul Kagame a signé au nom du gouvernement du Rwanda. La cérémonie de signature s’est déroulée en présence du président togolais et président du Conseil des ministres Faure Gnassingbé, du président angolais João Lourenço, du président burundais Évariste Ndayishimiye, du président kenyan William Ruto, du président de l’Union africaine Mahmoud Ali Youssouf, de la vice-présidente ougandaise Jessica Alupo, du ministre d’État qatari Mohammed Al Khulaifi et du ministre d’État émirati Cheikh Shakhboot bin Nahyan Al Nahyan.
La médiation qatarie constitue un autre volet essentiel du dispositif diplomatique. Un accord-cadre a été signé entre Kinshasa et l'AFC/M23, mais son contenu reste largement à négocier. Sur le terrain, rien n’a véritablement évolué : les positions demeurent figées, les lignes de front restent actives et aucune mesure de confiance n’a été mise en place. La juxtaposition des deux processus Washington et Doha illustre la complexité du dossier : d’un côté, une médiation interétatique ; de l’autre, une négociation politico-militaire directe avec la rébellion.
Clément MUAMBA