Les activités socio-économiques ont été partiellement paralysées ce vendredi 28 novembre dans la matinée à Butembo, dans la province du Nord-Kivu. Une journée de « deuil sans activités » a été observée en solidarité avec les communautés touchées par les récentes attaques des rebelles ADF dans le territoire de Lubero.
La ville s’est réveillée dans le calme. Selon le dernier bilan rendu public par la mission onusienne, ces attaques ont causé la mort de plus de 80 civils.
Le long du boulevard Président de la République, la majorité des magasins et galeries commerciales sont restés fermés. Les banques ont gardé leurs portes principales clauses, n’ouvrant que de petites entrées pour accueillir les rares clients. Dans plusieurs quartiers, des habitants se sont rassemblés pour discuter de la situation sécuritaire et socio-politique de la province. Les écoles primaires, secondaires et les universités sont restées fermées.
Selon Jean-Pierre Kasma, militant du mouvement citoyen lutte pour le changement (LUCHA) joint par ACTUALITÉ.CD depuis la ville de Butembo, cette journée était également consacrée à la réflexion, avec un appel à identifier des actions communes pour faire face aux menaces sécuritaires et pousser le gouvernement à prendre en compte les attaques des ADF avec la même gravité que celles liées à la rébellion AFC/M23.
« On est beaucoup concentrés sur la question du M23, mais on oublie cette question, la plus meurtrière, celle des ADF. Alors aujourd’hui, on s’est dit qu’on doit encore réveiller la population qui semble avoir normalisé cette question des ADF. La population doit encore prendre conscience qu’il y a des gens qui meurent chaque jour. On doit garder cette mémoire, mais aussi les dirigeants doivent nous prendre en considération et voir comment finir avec cette situation qui a longtemps duré », a-t-il déclaré.
Entre le vendredi 15 et le samedi 16 novembre, 29 civils ont été tués dans le secteur des Bapere et la chefferie des Baswagha, dont 17 patients retrouvés sans vie dans un centre de santé de Biambwe. Le 20 novembre, d’autres civils ont été tués à Makoko, portant le bilan provisoire à au moins 25 morts dans cette localité.
Un rapport récent de la protection communautaire de Baswagha faisait état de plus de 50 personnes tuées en quatre jours dans la chefferie de Baswagha. Son coordonnateur, Vianney Kitswamba, signale une situation sécuritaire demeurant extrêmement précaire dans plusieurs villages.
La Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) avait condamné ces exactions, affirmant que les attaques menées entre le 13 et le 19 novembre dans le territoire de Lubero avaient fait 89 morts selon les informations recueillies par ses équipes. Des acteurs locaux soulignent que les assaillants profitent de l’absence des forces de défense dans certaines zones pour cibler les populations civiles.
Josué Mutanava, à Goma