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La dégradation continue de l’image de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, encombrée d’ordures malgré de multiples initiatives de salubrité, ne préoccupe plus seulement les autorités politiques. Consciente de l’importance d’un cadre de vie sain pour la santé et la dignité des citoyens, l’Église du Christ au Congo (ECC) a lancé un projet d’assainissement et d’amélioration du cadre de vie au sein de l’Institut supérieur des techniques appliquées (ISTA).
Ce projet, initié en partenariat avec la Paroisse protestante de l’ISTA, vise à promouvoir un environnement propre, durable et mieux organisé au sein du campus. Il s’inscrit dans la volonté de faire des mois de novembre et décembre les " Mois de la Sauvegarde de la Création ", une période dédiée à la sensibilisation, au changement de comportement, à la responsabilisation écologique et à l’implication citoyenne.
Le Révérend Éric Nsenga, de la Commission Justice, Paix et Sauvegarde de la Création de l’ECC, a expliqué devant la presse ce dimanche 16 novembre 2025 les fondements et objectifs du projet.
"Ce projet repose sur deux approches : la décentralisation et la participation citoyenne. Les défis liés à l’environnement et à la salubrité exigent l’implication de tous. L’ECC, à travers sa Commission Justice, Paix et Sauvegarde de la Création, veut atteindre trois résultats : d’abord l’élaboration des plans locaux d’assainissement, d’urbanisation et d’aménagement du territoire afin de décentraliser le travail mené au niveau urbain. Nous sommes convaincus que l’efficacité dépend des approches que nous adoptons" a-t-il déclaré.
Poursuivant ses explications, le Révérend Nsenga a détaillé les deuxième et troisième objectifs du projet :
"Nous voulons lancer une vaste campagne d’éducation civique autour du concept d’écocitoyenneté. L’idée est de former les étudiants mais aussi de descendre dans les quartiers en travaillant avec les associations locales, les femmes, les jeunes et même les kulunas. On ne peut pas valoriser les déchets sans valoriser l’humain : le projet intègre donc la réintégration, la ressocialisation et la revalorisation du citoyen»
Concernant le troisième axe, il a précisé :
"Le troisième résultat consiste à promouvoir les initiatives technologiques ou scientifiques axées sur la valorisation des déchets biodégradables. À l’ISTA, nous allons identifier les intelligences et projets innovants portés par les étudiants afin de les soutenir. Nous prendrons également en compte le travail des ONG déjà actives dans ce domaine".
Le lancement officiel du projet s’est déroulé en présence de membres du gouvernement, de conseillers du Président de la République, de députés nationaux et de diverses personnalités. Selon le Révérend Nsenga, cette mobilisation vise à encourager les décideurs à s’approprier l’initiative, sans dépendre uniquement des bailleurs de fonds.
"La phase pilote concerne d’abord la ville de Kinshasa, avec 12 communes ciblées. Le projet est financé par l’Union européenne, mais nous voulons que les autorités nationales s’engagent pleinement dans cette question cruciale et existentielle. Cette première phase dure un mois, jusqu’à fin décembre, avant l’extension prévue sur quatre ans" a-t-il expliqué.
Il ajoute :
"Après les vacances, nous reprendrons en janvier avec non seulement la campagne mais aussi des actions concrètes : salubrité, gestion des déchets, construction de blocs sanitaires modernes pour l’ISTA, afin de redonner fierté et dignité aux étudiants. L’ISTA forme les ingénieurs en techniques appliquées du pays ; encadrer ces étudiants, c'est contribuer au développement national".
À la question de savoir pourquoi l’ISTA a été choisi comme institution pilote, le Révérend Nsenga précise :
"L’ISTA dispose d’une filière environnement et applique une approche technique qui constitue une réelle valeur ajoutée. Notre objectif est de renforcer l’intelligence collective en matière de gestion des déchets. L’ISTA abrite également une section de météorologie : il s’agit donc d’un cadre approprié pour développer un laboratoire d’analyse des niveaux de pollution de l’eau, du sol et de l’air".
De son côté, le Secrétaire général administratif de l’ISTA, Willy Kalala, a salué l’initiative de l’ECC.
"Nous exprimons notre reconnaissance à l’ECC pour cette initiative qui tombe à point nommé. Les questions environnementales nous préoccupent tous, surtout au regard des dégâts causés après chaque pluie à Kinshasa. Voir l’Église s’engager sur ce terrain, en plus de sa mission évangélique, ne peut que nous réjouir" a-t-il déclaré.
Il poursuit :
"Nous travaillons en synergie avec l’Église. Une commission a été mise en place, incluant la coordination estudiantine et les services d’entretien de l’ISTA. Des formations seront organisées pour que les formateurs relaient cette vision au niveau de la ville, car au-delà de l’ISTA, le projet vise toute la ville de Kinshasa"
Cette initiative vient en appui aux actions du gouvernement congolais. Le Président Félix Tshisekedi, lors de plusieurs Conseils des ministres, a appelé à un sursaut d’orgueil collectif, rappelant que la lutte pour un environnement propre ne peut reposer sur le seul gouvernement mais nécessite l’engagement de tous : autorités comme citoyens.
Clément MUAMBA
