Reconnaissance du génocide en RDC par les instances africaines : “une étape dans le processus de reconnaissance au niveau international” (Judith Suminwa)

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Judith Suminwa à Kisangani

La reconnaissance du génocide congolais par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), ainsi que par la société civile africaine, a été saluée par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka lors de la réunion du Conseil des ministres tenue vendredi 14 novembre à la Cité de l’Union africaine, sous la direction du Chef de l’État Félix Tshisekedi.

Selon la cheffe du gouvernement, cette reconnaissance continentale, qui intervient après celle du Parlement congolais, constitue une victoire pour la RDC et une avancée majeure vers la reconnaissance internationale du génocide congolais.

"À ce propos, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, accompagnée de la société civile africaine réunie au sein du Forum des ONG, a adopté à l’issue de sa 85ᵉ session deux résolutions affirmant la reconnaissance et la condamnation ferme des violations graves et massives des droits de l’homme commises en République démocratique du Congo. Au cours de cette même session, et s’appuyant notamment sur le rapport du Projet Mapping ainsi que sur divers rapports d’experts des Nations unies, la Commission et le Forum ont adopté séparément deux résolutions condamnant clairement et sans équivoque les crimes internationaux, y compris le génocide perpétré en RDC. Cette reconnaissance du génocide commis en RDC par les instances africaines, après celle de notre Parlement, constitue une étape dans le processus de reconnaissance du génocide au niveau international", a déclaré la Première ministre dans le compte rendu de la réunion.

Dans ce contexte, Judith Suminwa a félicité le ministre des Droits humains ainsi que l’ensemble des équipes de la Commission interinstitutionnelle d’aide aux victimes et de soutien aux réformes (CIA-VAR), et celles du Fonds national des réparations des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité (FONAREV), pour leur engagement dans la mise en œuvre des orientations stratégiques du Président de la République.

"Cette démarche s’inscrit dans une stratégie globale et progressive de plaidoyer en faveur de la reconnaissance internationale du Genocost. Il est essentiel que ce message soit diffusé dans toutes les couches de la population en mobilisant l’ensemble des canaux de communication disponibles, notamment par une vulgarisation constante afin d’assurer une sensibilisation large et continue", a-t-elle recommandé dans sa communication reprise dans le compte rendu de la réunion.

À l’occasion de la commémoration du troisième anniversaire du Genocost, le génocide congolais commis pour des gains économiques, le Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi a annoncé le lancement imminent d’une campagne politique et diplomatique visant à obtenir sa reconnaissance internationale. Kinshasa estime depuis longtemps que la demande faite à la RDC, lors du génocide rwandais, d’ouvrir ses frontières a été l’une des causes majeures des violences persistantes dans l’Est du pays. Dans ce sens, Félix Tshisekedi rappelle à la communauté internationale son devoir moral et politique de soutenir la démarche de reconnaissance internationale du génocide congolais.

La République démocratique du Congo commémore chaque 2 août la Journée nationale du Genocost. Cette journée rend hommage aux millions de Congolais morts depuis près de trois décennies à la suite des guerres et des conflits armés, afin que ces crimes ne sombrent jamais dans l’oubli.

Selon les autorités congolaises, la date du 2 août rappelle les atrocités dont le moteur principal demeure l’exploitation illégale des ressources naturelles du pays. Elle trouve sa base juridique dans l’article 28 de la loi du 26 décembre 2022, portant principes fondamentaux relatifs à la protection et à la réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes de crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité.

Vendredi 17 octobre dernier, les députés nationaux ont adopté la recommandation portant reconnaissance du crime de génocide commis en RDC, dénommé « Genocost ». Par cet acte, l’Assemblée nationale entend poser un geste historique et moral de reconnaissance nationale, avec une portée internationale.

Clément MUAMBA