Le Congo n'est pas à vendre (CNPAV) et l'ONG suisse Public Eye mènent un plaidoyer auprès du gouvernement suisse pour la restitution en République démocratique du Congo d'un montant estimé à près de 150 millions USD payés par le géant minier Glencore à la suite de sa condamnation dans l’affaire de corruption qui le liait à l'homme d'affaires israélien Dan Gertler sur le sol congolais.
Lors d'une conférence de presse mercredi à Kinshasa, le porte-parole du CNPAV, Jean-Claude Mputu, qui intervenait en ligne, a rappelé la pétition lancée ce mercredi par Public Eye, demandant au gouvernement suisse, à travers le plaidoyer que le CNPAV a mené, de pouvoir restituer cet argent au profit des victimes congolaises de cette affaire de corruption.
Dans le cadre de ce plaidoyer, une pétition est lancée en ligne. Le coordonnateur national du CNPAV, Dirk Shaka, a fait l'économie de ce plaidoyer.
« Le CNPAV plaide pour voir dans quelle mesure cet argent estimé à 150 millions USD pouvait bénéficier aux victimes congolaises de cette affaire de corruption. L'ONG suisse a travaillé avec le CNPAV pour mettre en place ce processus. Nous espérons que le gouvernement suisse pourra se montrer sensible à cette affaire pour que cet argent puisse bénéficier aux victimes de cette corruption qui sont les communautés locales liées à l'exploitation de la mine de Mutanda », a-t-il indiqué.
Et de lancer l'appel à l'adhésion massive à cette pétition : « Nous appelons aussi l'ensemble des communautés, parce que c'est une pétition ouverte même aux non Suisses, à pouvoir signer massivement cette pétition pour que cet argent revienne en RDC et serve à l'intérêt des communautés locales ».
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Dirk Shaka a insisté pour que cet argent soit restitué « pas au travers du gouvernement parce que nous le décrions encore sur les fonds FRIVAO, FONAREV et le reste, nous savons comment ça se passe ».
« Nous espérons que ce fonds pourra plutôt passer par les mécanismes de compensation, soit aux travers le corps diplomatique suisse ou les Nations unies ou encore à travers le financement des organisations locales qui pourront adresser les questions de bien-être des communautés affectées par cette corruption », -t-il souligné.
Lors de cette conférence de presse, le CNPAV est revenu sur ses récentes publications et prises de position sur plusieurs dossiers majeurs.
Revue Kanyaka Rushwa nº4
S'agissant de la revue Kanyaka Rushwa n°4 et les enquêtes du CNPAV sur la corruption, le coordonnateur de CNPAV a expliqué :
« Il s'est agi d'une revue trimensuelle qui permet de refaire les cas de corruption qui ont fait l'objet de publication dans les médias mais qui n'ont pas encore trouvé de réponses de la part de la justice. C'est un bulletin qui permet au public de ne pas oublier et d'engager la responsabilité des acteurs institutionnels sur la lutte contre la corruption, de manière concrète en poursuivant les auteurs ».
Le prix Kanyaka d'intégrité contre la corruption annoncée pour le 9 décembre
« Nous savons qu'il y a des acteurs qui font l'effort d'être intègres et les institutions qui essaient, malgré la situation générale de corruption, de mettre en place des mécanismes de lutte contre la corruption et de développer des mécanismes d'intégrité. Cette deuxième édition va se tenir le 9 décembre de cette année et nous prions l'ensemble des Congolais, au travers du site internet de CNPAV (www.corruptiontue.org), d'aller voter les personnes qui seront nominées et permettre que les personnes ou les institutions que vous reconnaissez comme étant actives dans la lutte contre la corruption soient reconnues pour leur combat », a déclaré Dirk Shaka qui a rappelé que la première édition avait primé une personne « intègre », reconnue au travers de vote et le jury institué par le CNPAV.
Réaction du CNPAV à la note de Ventora sur la cession des parts de la Gécamines
Dirk Shaka a aussi évoqué la réaction du CNPAV à la note du groupe Ventora (appartenant à l'homme d'affaires israélien Dan Gertler) au sujet de la publication de la note sur Mutanda et la cession irrégulière des parts de la Gécamines qui avait causé une perte de contrôle d'un des gisements les plus promoteurs de la Gécamines.
« Nous avions voulu renforcer le fait que les chiffres que nous avions présentés dans notre note étaient justifiés, basés sur des sources ouvertes et crédibles ; les différents montants alloués que nous avons décriés dans la note étaient effectivement vérifiés ; notre méthodologie utilisée était stricte, respectant toutes les normes et recourait aux différentes estimations faites par différentes agences qualifiées pour ce qui était du coût des actifs qui avaient été achetés à vil prix à la Gécamines. Et nous avons enfin parlé des royalties. Ils n'ont pas parlé de royalties dans leur note. Nous pensons que cette omission avait été tout à fait consciente, parce qu'ils savent que cela constitue un des problèmes que nous avions décriés. Ces royalties qu'ils ont achetés à la Gécamines, et qu'ils n'ont pas cédées lorsqu'ils ont vendu la mine à Glencore parce qu'ils continuent à percevoir à ce jour ces royalties. Ce qui constitue pour nous un problème majeur, vu que la RDC ne gagne plus rien et ne pourra plus changer sur ce gisement de Mutanda », a souligné le coordonnateur de CNPAV.
Bienvenu Ipan