La partie orientale de la République démocratique du Congo continue de faire face à une crise sécuritaire et humanitaire dont les populations civiles restent les premières victimes, a déclaré Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de paix lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité, qui examinait la situation dans l’Est de la RDC après l’occupation d’Uvira par la rébellion appuyée par le Rwanda. Selon lui, l’expansion territoriale des rebelles et l’affaiblissement de l’Etat dans les zones occupées menacent l’unité et l’intégrité du pays.
"Les développements récents font peser un risque sérieux de fragmentation progressive de la République Démocratique du Congo, notamment sa partie orientale. L’expansion territoriale de l’AFC/M23, l’établissement d’administrations parallèles et l’affaiblissement de la présence étatique dans certaines zones alimentent une dynamique qui menace directement l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo. Parallèlement, le conflit connaît une régionalisation de plus en plus marquée", avait indiqué Lacroix.
Selon le diplomate Onusien, l’implication directe ou indirecte de forces et de groupes armés en provenance de pays voisins ainsi que les mouvements transfrontaliers de populations déplacées et de combattants, accroissent considérablement le risque d’un embrasement régional. Pour lui, cette évolution ne menace pas uniquement la stabilité de l’Est de la RDC, mais celle de l’ensemble de la région des Grands Lacs.
"Au cours des derniers mois, d’importantes avancées diplomatiques avaient, pourtant, été enregistrées. La signature des Accords de Washington entre la RDC et le Rwanda le 4 décembre, l’Accord-cadre de Doha conclu le 15 novembre entre le Gouvernement de la République Démocratique du Congo et l’AFC/M23, ainsi que l’accord du 14 octobre établissant un mécanisme conjoint de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, témoignaient d’une forte mobilisation régionale et internationale en faveur de solutions politiques permettant l’instauration d’une paix durable dans l’Est de la RDC", avait-il souligné.
Cette réunion intervenait dans un contexte où la ville d'Uvira, considérée comme stratégique dans le dispositif sécuritaire du gouvernement congolais dans la province du Sud-Kivu, est désormais passée sous le contrôle de la rébellion de l’AFC/M23, renforçant davantage son influence et sa mainmise dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit d’un verrou essentiel susceptible d’ouvrir la voie à l’AFC/M23 vers l’espace Grand Katanga, considéré comme le poumon économique du pays.
Depuis, la médiation américaine a exercé des pressions sur Kigali qui appuie militairement les rebelles. Ces derniers ont annoncé cette nuit un “retrait unilatéral” de la ville d’Uvira.
Clément MUAMBA