L’IBCR lance une étude sur l’état des lieux du système de protection de l’enfant en RDC

Cérémonie de lancement de l’état des lieux du système de protection de l’enfant en RDC par IBCR
Cérémonie de lancement de l’état des lieux du système de protection de l’enfant en RDC par IBCR

Dans le cadre du projet « Tonga Pona Bolamu ya Mwana » (2022-2027), le Bureau international des droits des enfants (IBCR) a lancé, ce mercredi 29 octobre 2025 à Kinshasa, une étude sur l’état des lieux du système de protection de l’enfant en République démocratique du Congo.

Réalisée en 2024 dans les villes de Lubumbashi, Kinshasa et Matadi, cette étude a été menée en partenariat avec le gouvernement congolais et la société civile. Elle s’est concentrée exclusivement sur les cas d’enfants victimes d’exploitation économique, de tourisme impliquant des enfants, ainsi que sur ceux en situation de privation de liberté.

Selon Mahamadi Oubda, représentant pays de l’IBCR en RDC, un questionnaire a été distribué entre juin et août 2022 à un échantillon de 1 029 acteurs du système de protection de l’enfant, tous directement impliqués dans cet exercice.

Cet échantillon comprenait: 371 professionnels issus des secteurs dits « classiques » (police, justice et travail social) ; 366 membres des secteurs dits « moins classiques » (détention, travail, tourisme et transports) ; 292 représentants d’organisations de la société civile.

L’échantillonnage a été réalisé selon une méthode non probabiliste par quotas, permettant de cibler les individus en fonction de leurs rôles et de leur accessibilité. Une attention particulière a été portée à la représentativité des genres, avec une proportion de 32 % de femmes (331 femmes et 698 hommes).

En outre, le Bureau international des droits des enfants a organisé des groupes de discussion avec 70 enfants âgés de 12 à 17 ans, dont 36 filles, en situation de vulnérabilité (en situation de rue, de décrochage scolaire, de rupture familiale ou d’exploitation sexuelle).

Parallèlement, 41 entretiens individuels ont été menés avec des enfants victimes d’exploitation ou privés de liberté à Kinshasa, Matadi et Lubumbashi, dont 22 avec des filles. Ces entretiens ont permis de mieux comprendre leurs expériences et leur accès aux services. Selon Mahamadi Oubda, entre 2022 et 2023, 13 ateliers sectoriels et un atelier multisectoriel ont également été organisés.

En mars 2024, à Kinshasa, une version provisoire de cet état des lieux a été présentée lors d’un atelier réunissant 37 représentants des principaux secteurs concernés. Cette rencontre a été suivie d’un croisement des données issues de rapports institutionnels, de publications scientifiques et des témoignages recueillis auprès des enfants.

Cet état des lieux a révélé qu'en matière de protection de l'enfant, la RDC dispose d'un arsenal législatif solide, mais qui n'est pas encore suffisamment exploité. Selon les constats de l'IBCR, la RDC a enregistré certaines avancées, mais ces progrès sont freinés par des défis, tels que l'absence d'un cadre légal de formation en protection de l'enfant à l'intention des acteurs, tant classiques que non classiques. On observe également une faible coordination entre les différents acteurs, ainsi qu'un manque d'outils harmonisés et de pratiques communes. De surcroît, la participation des enfants est limitée, leur voix étant peu prise en compte dans les prises de décision et leur participation restant souvent symbolique. Les moyens humains et matériels sont insuffisants, surtout au niveau provincial et communautaire. Enfin, l'application des lois existantes est faible.

En présidant la cérémonie de lancement de cet état des lieux, la ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant, Micheline Ombae Kalama, a dressé la liste des principaux défis qui entravent la protection des enfants en RDC, tout en réaffirmant la détermination du gouvernement à y faire face.

« Notre pays, la RDC fait face aux multiples défis en matière de protection de l'enfant. La pauvreté persistante fragilise les familles et augmente les risques d'abandon. Le travail des enfants et l'exploitation domestique, l'instabilité sécuritaire dans certaines provinces continue à faire des victimes parmi les enfants déplacés et à des violations graves. Les pressions économiques et sociales entraînent dans plusieurs milieux la normalisation de pratiques qui ne promeuvent pas le droit de l'enfant. Pourtant, la RDC n'est pas restée inactive », a-t-elle dit.

De son côté, Marie-Claude, représentante internationale de l’IBCR, a lancé un appel au passage à l’acte, tout en impliquant l’enfant, acteur principal de sa protection.

« Au-delà du diagnostic établi, c'est surtout l'action concertée qui donnera tout son sens à ce processus. À la lumière de constats présentés, nous invitons à mettre à profit les résultats de cette étude pour orienter les politiques publiques, à renforcer la coordination intersectorielle, à mobiliser des ressources adéquates et durables, et surtout à considérer l'enfant comme l'acteur d'aujourd'hui qui a un rôle dans le système de protection de l'enfant », a lancé Marie-Claude.

Faisant partie des bailleurs de fonds dudit projet, le représentant de l’ambassade du Canada en République, estime que l’état des lieux présenté ce jour offre au gouvernement congolais une base solide pour planifier, coordonner et mesurer les progrès accomplis dans le domaine de la protection des enfants. Il s’agit d'un outil stratégique pour renforcer la gouvernance du secteur, selon lui. 

César OLOMBO